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Critique de MarionJL


Cet ouvrage nous raconte le quotidien d'une femme yéménite, Intisar, médecin et célibataire mais soumise à l'autorité de son père et de son frère. Toute sa frustration et sa rancoeur sont bien décrites et la société présentée est glaçante : entre le frère passé à tabac par le père parce que sa fille conduit, le père qui appelle l'hôpital pour faire virer sa fille parce que ça lui fait une mauvais réputation ou le règne du qu'en dira-t-on, on ne s'est plus comment s'indigner ni quelle solution pourrait être adoptée par ces femmes.

L'ouvrage est organisé en très courts chapitres, qui racontent des anecdotes très disparates, dans leur ton ou dans l'intrigue. Ça permet de découvrir Intisar comme au tour d'une conversation mais c'est parfois un peu fouillis : on assiste au quotidien, on partage les pensées mais j'aurais aimé une conclusion ou une fin.

Le titre vient du grand acte de résistance d'Intisar, de son espace de liberté : conduire alors que son père ne le permettrait jamais. le niqab devient alors un allié et permet de regagner une liberté sans être reconnue par les passants.

Les dessins en noirs et blancs et parfois quelques tons sépia sont assez doux malgré les propos souvent difficiles et servent très bien le propos car ils mettent en relief les abayas et les niqabs de l'espace public opposés aux vêtements occidentaux de l'espace privé.

Je retiendrai la préface, très inspirante et qui pose deux idées qui m'ont marquée: « j'ai haï le corps dans lequel j'étais née car il paraissait me limiter et me définir sans qu'importent le moins du monde mes actes ou mes idées. Alors que si j'étais née homme, j'aurais pu réaliser mes ambitions »; l'islam n'est pas responsable de la place de la femme dans la société yéménite mais une « religion » de coutumes et de traditions qui a gagné en influence dans les dernières décennies.

J'ai beaucoup aimé cet ouvrage qui présente la vie quotidienne yéménite et permet d'interroger notre imaginaire sur ce pays en prenant le contrepied de beaucoup de clichés (mais en en confirmant d'autres). Il présente très bien la condition de la femme, jamais libre de choisir pour elle-même, à part si comme Intisar, elle dépend d'un homme qui accepte qu'elle se prenne en main. C'est ce côté “loterie” qui est révoltant, en plus de la condition de la femme car elles ne sont jamais maîtres de leur destin, même si celui-ci n'est pas noir.
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