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Critique de Cigale17


Merci à l'opération Masse critique et aux éditions Buchet-Castel pour cet étonnant premier roman.
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Dérangeant, très dérangeant, ce premier roman d'une jeune poète néerlandaise de 28 ans, Marike Lucas Rijneveld… Dans la très courte première partie (une trentaine de pages) de ce roman qui en comprend trois, une narratrice à la première personne remonte deux années plus tôt pour raconter le drame qui a bouleversé sa famille. Elle a alors 10 ans. Elle vit dans une ferme qui semble éloignée de tout. Elle cherche l'attention de ses parents, éleveurs de bovins, protestants purs et durs, qui semblent incapables d'exprimer leurs sentiments envers leurs enfants. La narratrice a deux frères plus vieux qu'elle, Matthies, l'aîné, Obbe, le second, et une soeur, Hanna, la petite dernière. Elle soupçonne son père de vouloir tuer son lapin Bouclette pour le repas de Noël. Désespérée, elle fait une prière : « J'ai demandé à Dieu s'il pouvait, s'il Vous plaît, prendre mon frère Matthies au lieu de mon lapin. » Mais la veille de Noël, Matthies se noie pendant une compétition en patins à glace. Après…
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Je ne sais pas si j'ai aimé ce livre, mais il m'a menée de surprises en étonnements, loin des moulins à vent et des paisibles canaux ! Là où est située la ferme, on est déjà dans un pays nordique avec des hivers très rigoureux. le début du roman se déroule en l'an 2000 (p. 16), mais parfois, à cause de la manière dont vit la famille, de la place accordée aux enfants et de l'omniprésence de la religion, on pourrait se croire au XIXe siècle malgré les références à la télé, aux jeux vidéo et aux machines agricoles. L'ambiance devient de plus en plus glauque avec le passage du temps. La culpabilité qui habite la narratrice la dévore et prend diverses formes. Elle se réfugie dans sa parka, qu'elle refuse de quitter, et en garnit les poches au fil de ses expériences : une tirelire cassée, quelques crottes de nez, un couple de crapauds qu'elle voudrait voir s'accoupler, etc. La sexualité des uns et des autres occupe une grande place dans ce texte cru et souvent scatologique. Comme la narration est à la première personne, ces sujets sont abordés avec les yeux d'une enfant, certes au courant des « choses de la vie », mais qui fait parfois preuve d'une certaine naïveté. Les soins du père et du frère pour venir à bout de la constipation chronique de la narratrice sont assurément révoltants. La petite fille observe les membres de sa famille dont le désespoir prend des formes diverses, et personne, sauf parfois sa soeur Hanna et son amie Belle (pauvre Belle !), ne peut lui apporter le moindre réconfort. le réalisme de l'écriture, l'attention apportée aux détails les plus crus provoquent intentionnellement un vrai malaise. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! On dit que les premiers romans portent souvent une grande part d'autobiographie. J'espère que ce n'est pas le cas ici… À lire, assurément, mais en étant prévenu qu'il faut parfois s'accrocher.
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