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Critique de Foxfire


C'est à la lecture de ce genre d'oeuvre que l'on se rend compte que la bande dessinée mérite bien son titre de 9ème art. Les 3 récits (bien qu'écrits à plusieurs années d'intervalle entre la 1ère et la 2ème) composent une oeuvre forte et cohérente tant sur le fond que sur la forme.

Le choix du noir et blanc retranscrit bien l'atmosphère claustrophobe. Dans le 1er récit, le dessin très fouillé, réaliste est très expressif. A partir de la 2ème histoire, le trait change de style. le dessin est plus sombre et moins détaillé. Rochette excelle dans les deux styles. Sur la forme, un des aspects les plus réussi est le contraste saisissant entre l'extérieur et l'intérieur du train. Les images représentant l'intérieur du train sont surpeuplées. Tout l'espace des cases est occupé, par des hommes ou des objets, il n'y a pas de place pour le vide. L'impression de confinement, d'étouffement qui s'en dégage offre un contraste radical avec les vues de l'extérieur du train. Sur certaines de ces images, grandes cases horizontales, le train n'est plus qu'une ligne qui traverse l'espace, un détail perdu entre de grands paysages blancs et l'immensité noire du ciel. Ces images sont belles comme des plans en cinémascope.

Les intrigues des différents récits sont passionnantes et brassent des thèmes essentiels de façon très pertinente.
Le 1er récit aborde la lutte des classes à travers le destin d'un homme issu des derniers wagons qui va remonter le train accompagné d'une militante des droits de l'Homme.
Dans les 2ème et 3ème récit, l'univers s'étoffe, les enjeux se complexifient. On s'intéresse moins à la lutte des classes pour se concentrer sur le thème du totalitarisme. On découvre les méthodes utilisées par une minorité pour conserver le pouvoir : stratégie de la peur, notamment en utilisant la désinformation ; endormissement des masses via des jeux de hasard. Les médias sont bien sûr pointés du doigt comme un élément essentiel de la mécanique totalitaire. Ici, on est moins attaché au destin individuel d'un héros qu'à une destinée collective, qui n'est rien moins que la survie de l'humanité.

Même si j'ai préféré la simplicité et la linéarité brute du 1er récit, l'ensemble de cette série constitue une lecture passionnante. Ce convoi de survivants, c'est de nous qu'il parle. Si on se sent à ce point concerné par le devenir de cette arche de Noé, c'est bien parce qu'au fond on se dit qu'on est déjà à bord de ce train.
Une oeuvre forte, d'une puissance émotionnelle rare.
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