AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dido600


Grâce au livre de Claire Rodier, on en découvre des choses sur le phénomène migratoire. Et, surtout sur les capacités des économies et des pouvoirs politiques des pays industrialisés à surfer «utilement » sur les vagues, ne tenant compte que rarement des victimes enregistrées au passage ; l'essentiel étant le profit.

On le savait : les économies des pays industrialisés ne peuvent se passer d'un volant de main-d'oeuvre flexible et exploitable… et les sans-papiers répondent en grande partie à ce besoin. Pourtant, on passe son temps à «inventer» de nouveaux dispositifs de contrôle : des patrouilles maritimes, des murs, des barbelés, les vérifications des passeports dans les aéroports, des camps,… Une kyrielle de dispositifs ; chaque nouveau dispositif mis en place donnant l'impression de n'avoir pour but que de révéler les failles et les lacunes des précédents… et servant donc de justification pour en créer un nouveau. C'est sur cette base que s'est, peu à peu, créée une «économie sécuritaire» qui tire de gros profits de dispositifs de plus en plus sophistiqués (La société G4S, dont une partie de l'activité est consacrée à la «gestion» de l'émigration, emploie plus de 650.000 salariés, ce qui en fait le deuxième plus gros employeur privé du monde). C'est donc le premier chapitre de l'ouvrage.

le second chapitre va chercher à caractériser les fonctions idéologiques des contrôles migratoires. Ils sont présentés comme une réponse aux préoccupations supposées de l'opinion face à une menace, régulièrement brandie sur le thème de l'invasion par des prédateurs et/ou de la délinquance étrangère. L'exploitation de la peur. Dans la logique bien connue du bouc émissaire et de la «manipulation de l'incertitude» (cela permet aux pouvoirs, incapables d'apporter des solutions aux problèmes des populations, d'asseoir leur autorité).

le troisième chapitre est consacré à la «dimension géopolitique» des contrôles, avec une diplomatie peu regardante, et à leur «marchandisation», avec pour fond l'industrie guerrière. le «sale boulot» est de plus en plus délocalisé et il est donc exécuté par les autres… les pays «fournisseurs» de migrants de passage, ou par des société privées ; le phénomène terroriste étant désormais un chiffon rouge agité par des politiciens en mal de légitimité et/ou en recherche de notoriété.

L'auteure : Figure reconnue sur les questions migratoires. Juriste au Groupe d'information et de soutien aux immigrés, le Gisti, co-fondatrice du réseau euro-africain Migreurop. Travaille plus particulièrement sur les politiques européennes d'immigration et d'asile. Plusieurs publications sur ces thèmes.

Avis : Une enquête fouillée sur la gestion des flux migratoires par les Etats et notamment leur privatisation croissante. Des faits et des chiffres. Un livre détonnant.
Commenter  J’apprécie          121



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}