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Critique de MissSherlock


Aborder Hitchcock par Eric Rohmer et Claude Chabrol me semblait indispensable puisque j'adore le cinéma d'Hitchcock et qu'à chaque fois que je lis ou vois un documentaire sur Sir Alfred, les intervenants mentionnent ce livre.

Il faut dire qu'il a tout du livre culte puisqu'il fût le tout premier bouquin écrit sur le cinéaste. Jamais avant Rohmer et Chabrol, la critique ne s'était à ce point intéressée à l'oeuvre de l'artiste.

C'est avec plaisir et impatience que j'ai débuté ma lecture et mon enthousiasme est vite retombé. Et ceci pour une raison : ce livre s'est pris un terrible coup de vieux.

Il est publié pour la première fois en 1957 et les deux futurs cinéastes dispensent des idées bien dans leur époque mais qui m'ont fait bondir de ma chaise. Entre autre : une vraie femme est une femme au foyer et surtout une bonne ménagère, l'homosexualité est un vice et, misère ! l'homosexuel est un pédéraste (on a échappé de peu à sodomite). Les premières pages ont été un calvaire pour mes nerfs tant ces propos rassis m'ont dérangée.
Autre époque, autre moeurs me dira-t-on...

Mais le livre date aussi dans son analyse car il s'arrête au moment de la sortie du Faux Coupable (The Wrong Man) et n'a pas été actualisé au regard des neufs films réalisés par Hitch après le Faux Coupable. Aussi l'étude des auteurs a perdu de sa pertinence à l'aune de l'évolution du travail d'Hitchcock.

Par exemple, lorsqu'ils nous disent que pour Hitchcock, la femme idéale est une ménagère, on voit bien qu'ils n'ont pas vu Sueurs Froides, Les Oiseaux, Psychose, La Mort aux Trousses et même Pas de Printemps pour Marnie. Quid de la ménagère chez Madeleine, Melanie, Marion, Eve et Marnie ?

En outre le style est souvent pompeux et les analyses des films poussent parfois le bouchon. Le cinéma est symbole et peut-être que celui d'Hitchcock plus qu'un autre mais de là à tomber dans des travers métaphysiques, il y a des limites.

Ce qui m'a aussi agacée, et là c'est vraiment très personnel, c'est que les auteurs et moi ne sommes pas souvent d'accord sur la qualité des films présentés. Et même si nous les apprécions, ce n'est pas pour les mêmes raisons. Les voir anéantir The Skin Game qui n'est pourtant pas un navet et à peine égratigner le Chant du Danube qui est probablement un des plus mauvais film de l'histoire du cinéma m'a fait mal aux dents.
Dire que L'Homme qui en savait trop de 1934 est l'un de ses moins bons films de la période anglaise m'a donné envie de hurler et je préfère ne pas revenir sur Rebecca ou sur Mr and Mrs Smith, je risque de faire une attaque.

Je pense que ce livre conserve sa réputation de standard pour deux raisons : 1/ c'est le premier bouquin sur Hitchcock ; 2/ les deux auteurs sont devenus des cinéastes réputés dont la parole s'est transformée en or.
Je ne dis pas que tout est à jeter dans cet ouvrage mais il n'est pas à la hauteur de sa réputation. Pour en savoir plus sur Hitchcock, mieux vaut lire le Hitchcock/Truffaut et mieux encore, voir les films d'Alfred.
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