AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BurjBabil


Livre dont l'objet est de remettre à sa juste place un vainqueur trop négligé par l'historiographie officielle mémorielle de la seconde guerre mondiale, un maillon essentiel à la victoire finale : le soldat de l'Empire Britannique.
M. Rondeau commence par une description très intéressante de cette armée impériale, de ses traditions, de son ancrage dans un territoire matérialisé par l'appartenance à un « régiment » : les Cameron Highlanders, le Welsh Regiment... Armée dans laquelle les femmes peuvent rejoindre l'Auxiliary Territorial Service (ATS) et participer directement à l'effort de guerre. Elles étaient 450 000 à porter l'uniforme à la fin du conflit.
L'auteur nous rappelle qu'il s'agissait essentiellement d'une armée impériale, et que l'empire, c'est le Commonwealth, avec l'apport des armées canadienne, australienne, néo-zélandaise, sud-africaine et surtout les troupes issues des colonies : L'armée des Indes.
L'auteur nous explique la vie militaire d'un de ces soldats, des officiers également qui appartiennent à une caste, des rapports avec les gradés des colonies : Sandhurst, Hyrthe, Woolwich ou Dehra Dun pour les futurs officiers de l'armée des Indes
« Pour gagner le respect de ses hommes, le courage physique (faire fi de la mitraille…) et moral est aussi une qualité attendue d'un officier, en plus de s'avérer compétent au combat. Faisant fi de sa peur et devant masquer toute hésitation ou indécision, l'officier doit représenter un modèle de conduite pour ses subordonnés, il doit être une inspiration en toutes circonstances. »
Enfin, on entre dans l'action. le problème principal de ces forces fut leur nombre limité. Beaucoup de théâtres d'opération, un territoire menacé par les bombardements et une possible invasion allemande...
Dans les moments les plus intenses des engagements d'infanterie, les anglais perdaient plus de 2000 hommes par jour...
« Messieurs, déclare un commandant à un groupe d'officiers près de Bayeux, du jour où vous aurez rejoint votre bataillon, votre espérance de vie sera précisément de trois semaines ».
Mais cette faiblesse est contrebalancée par une logistique plus qu'efficace, basée sur la capacité démontrée à mener des campagnes coloniales, à mettre sur pied d'immenses bases logistiques sur différents théâtres d'opérations, en particulier en Égypte, en Inde et en Normandie.
«Nous avons accès à pratiquement toutes les ressources pétrolières du monde. Nous avons une position dominante dans le transport maritime. Nous avons potentiellement la puissance aérienne la plus importante, lorsqu'elle sera pleinement développée. En conséquence, nous avons l'assurance de gagner la guerre».
Si l'approvisionnement en or noir, nerf de la guerre, provient essentiellement des États-Unis et du Venezuela, l'effort de guerre mené au Moyen-Orient repose sur les ressources locales : les gisements d'Abadan en Iran, ainsi que ceux de Bassorah et de Kirkouk en Irak, le pétrole étant raffiné à Haïfa en Palestine et à Tripoli au Liban.
Le matériel n'est pas oublié : la description de cette armée entièrement motorisée, de ses Jeep, de ses motocyclettes Triumph, Norton, de ses automitrailleuses Humber et Daimler Mk II, de son excellente artillerie surtout dessinent une armée mobile bien qu'inférieure en nombre aux deux autres armées tellement décrites : La Wehrmacht et l'US Army.
Enfin, l'auteur consacre deux chapitres entiers aux icônes de l'armée impériale : la Royal Air Force et la Royal Navy.
La fin de l'ouvrage est encore plus intéressante, mettant en perspective les différents moments historiographiques suivant la guerre et la perception par les britanniques et les autres nations du rôle de cette armée dans la victoire alliée.
Comme par exemple celle du mythe du grand général attribué à Montgomery (le célèbre vainqueur d'El-Alamein) à laquelle succède, à la faveur d'une relecture de la guerre du désert, une place plus juste pour Claude John Eyre Auchinleck, (the Auk).
Cette fin rend un hommage aux 516 179 hommes et femmes de l'armée britannique ayant donné leur vie au entre 1939 et 1945 : 146 346 morts au combat pour l'armée de terre, 72 695 pour la RAF et 51 098 pour la Royal Navy, dont les corps, par tradition, ne sont pas rapatriés : le soldat de l'Empire est inhumé sur le théâtre d'opérations sur lequel il est tombé. Epitaphe de l'auteur pour ces soldats :
« Au printemps 1940, la vaillante armée britannique est restée seule, la tête haute, face au péril nazi. Avec les soldats de l'empire, sa lutte pour la survie, puis pour la reconquête des territoires envahis par les forces de l'Axe est exemplaire. Notre dette est immense. « Leur nom vivra à jamais. »
Commenter  J’apprécie          410



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}