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Critique de Henri-l-oiseleur


Un livre épais, sobre et documenté sur la première moitié du XIII°s dans ce qui n'était pas encore "le Midi de la France", mais les comtés de Toulouse, Carcassonne et Foix. L'auteur résume et synthétise dans sa première partie ce que l'on sait du catharisme au plan théologique, et de façon plus originale, les réactions à la contestation cathare dans l'art chrétien et la littérature arthurienne du temps : il voit dans l'insistance sur l'humanité charnelle du Christ, chez les peintres et les écrivains, une réfutation en images des idées cathares héritées des hérésies antiques. C'est un tour de force de concentrer en peu de pages tant de problématiques complexes, et de le faire clairement.

Mais la plus grande partie du volume est consacrée à l'ancrage du catharisme dans la société occitane du XIII°, dans ses aspects humains, sociaux, juridiques et militaires. Roquebert dégage des archives de l'Inquisition une série de figures des deux sexes (l'église et la foi cathares reposant en grande partie sur les femmes) et venues de toutes les classes sociales, du paysan au chevalier. L'attention au détail, la recréation de destinées singulières, font revivre ce XIII°s et garantissent l'ouvrage de toutes les dérives délirantes que le sujet a provoquées.

La lecture n'est guère divertissante, car le style de l'auteur est assez lourdement universitaire et extrêmement factuel. L'extirpation par la violence d'une religion, étudiée dans les archives de l'Inquisition, les bûchers, les prisons perpétuelles, une police et un espionnage religieux de tous les instants, donnent une image sinistre du catholicisme romain médiéval. Les seigneurs du Nord et leurs suzerains, roi de France, duc de Bourgogne, font figure d'exécutants des ordres d'une papauté autoritaire qui ne vainc leur mauvaise grâce et leurs réticences qu'en leur promettant les biens matériels des hérétiques, décrétés de bonne prise quel que soit le degré d'engagement religieux des propriétaires : parfaits, simples croyants ou protecteurs et sympathisants. Cette opération de pieux pillage, qui fait penser aux trafics de biens protestants après 1685 et de ceux des émigrés pendant la Révolution, s'ajoute au meurtre légal sur le bûcher, le vol légal et les spoliations.
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