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Critique de LLebrown


Bien loin de la sociologie qui tente d'objectiver le réel par la statistique, Hartmut Rosa développe une sociologie critique fortement teintée de philosophie (et même de poésie). Vie et sociologie se mêlent et se confondent parfois. Lorsqu'il raconte son voyage en Chine en portant un regard à la fois critique et sensible sur ce qu'il observe, on pense parfois à Walter Benjamin déambulant dans les rues de Marseille sous Haschich. Les deux sont liés. Rosa est le plus notable héritier de l'Ecole de Francfort dont Benjamin est l'un des auteurs majeurs.

Remède à l'accélération, impressions d'un voyage en Chine et autres textes sur la résonance est une compilation de textes déjà parus dans Philosophie Magazine. Cela n'est pas sans poser problème. Je m'explique. J'étais familier d'Hartmut Rosa notamment de son concept d'accélération et de sa critique du rapport au temps dans le monde capitaliste mais je n'avais jamais lu ses ouvrages. Pas le temps de me cogner les 500 pages de son premier bouquin qui semblait pourtant valoir le coup. Masse critique est lancée, je coche Remède à l'accélération et j'ajoute quelques autres trucs dans mon caddie. Dans le lot, il y a de la sauce tomate et de la bière. J'ai la bonne surprise d'être sélectionné et de recevoir le médicament à la maison. La bière et la sauce tomate ne sont pas arrivées. La loi de l'offre et de la demande je suppose. Vendredi soir, j'ouvre donc le livre et commence à griffonner des notes au crayon dans les marges. Samedi matin, je le reprends et le fini. Déjà. J'ai l'impression d'avoir une bonne synthèse de la pensée de Hartmut Rosa et j'ai trouvé un intérêt à ses impressions d'un voyage en Chine mais… il y a un truc… un truc qui me dérange… Remède à l'accélération me semble bien avoir succombé à l'attraction du processus d'accélération permanente de l'économie capitaliste. Et moi avec. Pourquoi n'avais-je pas lu les 500 pages d'Accélération et que j'ai lu ces 93 petites pages d'articles de revue avec autant d'entrain et de facilité ? Peut-on dénoncer et combattre le processus d'accélération en succombant aux sirènes de celui-ci ? Je trouve, tout compte fait, ce petit ouvrage ambivalent : il offre une bonne entrée en matière dans la pensée de ce sociologue mais incarne dans le même temps le type même de produit dont l'économie capitaliste raffole. On reprend deux, trois articles qui valent le coup dans les numéros des cinq dernières années, on écrit une (bonne) préface, on met une jolie photo et un titre un poil racoleur et on vend le tout 14 euros. Que du bonus (comprendre plus-value, bénéfice ou capital). Tu l'as eu gratos me direz-vous. Certes. Il n'empêche. Si sociologie critique du capitalisme il doit y avoir, pas de place camarades pour le cirage de pompes. Les thèses présentées dans l'ouvrage sont intéressantes, le texte su la Chine est bon mais le produit reste un produit et n'échappe pas à l'écueil de l'accélération et de la capitalisation à tout prix.
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