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Critique de Bouvy


Dubitatif ! Face à cette autobiographie, je reste assez partagé entre j'aime et je me méfie. L'areligieux que je suis reste toujours prudent face aux bonnes actions chrétiennes. Souvent, je tente de faire la différence entre la charité et la générosité.

Je pense que la charité est un acte fait vers l'autre pour soi-même, pour être récompensé du "très haut", alors que la générosité, acte gratuit dépoussiéré de toute croyance, est fait sans attente de récompense si ce n'est le bonheur de l'autre. Mais, défenseur convaincu de la laïcité, face à la vie de cette religieuse, suis-je moi-même objectif. Il est certain que peu importe l'origine de l'acte altruiste, ce qui compte, au final, c'est le résultat. Mais quand derrière cette altruisme, il reste tout de même une mission d'évangélisation, je me pose toujours la question de la pureté d'un tel acte.

La personnalité de cette religieuse est assez complexe. None et scientifique, sexologue se sentant épanouie physiquement dans l'abstinence, religieuse qui se qualifie de rebelle mais qui rentre dans les ordres ? Ce sentiment est renforcé quand je lis : " J'ai beau être religieuse, je suis également infirmière et humaniste. ". Je suis encore plus contrarié face à son objectivité de scientifique dogmatique dans le chapitre qui aborde le sujet de l'avortement, quand elle écrit, en parlant du foetus disparu et qui est un poids qui semble toujours lourd à porter à la femme avortée qu'elle qualifie encore de mère : " Une autre étape très importante est de donner un nom à cet enfant et lui permettre de croître dans son âme. " Ici, j'ai le sentiment que la religieuse domine fortement la scientifique. Que vient faire l'âme dans la science ou la psychologie ? J'ai ressenti davantage cette contrariété quand elle est une grande admiratrice de Jean-Paul II. Ce n'est pas l'exemple le plus tolérant en matière de jugement de la sexualité de ses contemporain que je connaisse.

A l'inverse, j'ai beaucoup apprécié ses prises de positions face à l'église et ses travers en matières de moeurs, quand elle écrit par exemple : " La sexologie et ma pratique de clinicienne m'ont confortée dans l'idée que le rôle des dirigeants d'églises n'est pas de régenter les pratiques sexuelles des personnes, ce qui relève de leur stricte intimité. " Ou bien encore : " L'Église à laquelle j'aspire devrait revoir ses positions culpabilisantes concernant le plaisir sexuel, en tenant compte de la liberté qu'ont les individus de prendre des responsabilités et de faire des choix en fonction de ce qu'ils assument de vivre. Une sacrée révolution ! "

Son action médicale et de thérapeute me semble aussi très efficace pour soigner les problèmes de couples ou les graves troubles du comportement entraînant de grave perversions chez certains individus, qu'ils soient civils ou religieux. Dans ces cas, même les plus extrêmes, elle fait preuve de beaucoup d'objectivité et reste avant tout un médecin et une scientifique.

Pour terminer, j'ai lu ce livre pour me faire une opinion sur le fait qu'on puisse à la fois défendre le dogme, la liberté et l'épanouissement sexuel de ses pairs et je sors de cette autobiographie sans opinion. Je me dis que cette gentille religieuse fait tout de même beaucoup de bien autour d'elle et qu'elle est très courageuse face à son "employeur" qu'est l'église romaine.

Quand au style, il est assez basic, l'écriture est fluide, l'auteure a évité le piège de nous en mettre plein la vue dans lequel elle aurait pu tomber en utilisant un jargon médical incompréhensible de la majorité des mortels dont je suis. Ca reste assez agréable à lire. Alors, comme je reste partagé, je le note avec une cote partagée de trois étoiles.
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