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Critique de Ogrimoire


Quand on arrive à la fin de ce livre, l'histoire n'est pas finie. Je n'avais repéré immédiatement que ce tome, Indications, était suivi d'un second, Contre-Indications. On reste donc, pour partie, sur sa faim.

Mais en partie seulement, parce que, même si l'on ignore encore exactement où l'auteur veut nous emmener, certains des messages qu'il veut faire passer sont assez clairs.

Le cadre est donné : le capitalisme, les entreprises, le numérique, les mondes virtuels ne vont pas être à la fête. Et dans le premier chapitre, consacré à Curtis, nous suivons la préparation d'une séance du conseil d'administration de Globantis, panier de crabes, banc de requins, prêts à s'entre-dévorer, mais pas avant d'avoir mis en coupe réglée le monde qui les entoure. Pour eux, pas besoin d'ennemi commun pour s'entendre : il leur suffit d'avoir des profits à partager pour mettre en sourdine, pour un temps au moins, leurs antagonismes. Et, comme le KGB l'a, en son temps, théorisé, dans une telle lutte, les arguments sont toujours les mêmes : argent, sexe, pouvoir…

Avec le développement de dispositifs capables de capter les ondes cérébrales, les « calottes », une partie de la population s'est perdue dans des mondes virtuels, comme Aurélia, tombée dans la dépendance du SimDom, un mode virtuel, alors que, jeune maman, sans emploi, elle a trouvé plus agréable de profiter de la liberté totale de son avatar. Sauf qu'elle a progressivement coupé tout lien avec le monde réel, plutôt que d'y revenir entre deux plongées…

Alors ? Alors on est dans quelque chose qui n'est pas si loin de notre monde, mais outré, poussé encore un peu plus vers un excès. Est-ce réellement effrayant ? En réalité, pas totalement, parce que l'on voit bien, en fait, qu'il est encore possible, même ici, de trouver un petit espace de liberté. Cette liberté, elle n'est pas énorme, elle n'est pas évidente non plus. Mais Henri refuse les capsules de Métaquine que son responsable qualité aimerait le voir prendre ; Régis parvient à échapper à la prescription des mêmes gélules, même à l'issue des tests inspirés par Globantis, avec la « complicité » des enseignants et des politiques.

Évidemment, la Métaquine n'est pas sans nous rappeler la Ritaline, dont les Américains assomment tous les enfants qu'ils jugent hyper-actifs ; évidemment, les calottes ont un petit air de famille avec tous nos dispositifs d'immersion dans le virtuel ; évidemment, la pression à laquelle Henri est soumis au travail nous renvoie aux interrogations soulevée par le management constaté dans certaines grandes entreprises…

Et c'est de deux femmes – ce qui est peut-être un peu caricatural… – que l'on espère voir venir la lumière. Et quelles femmes ! Une femme politique, et une scientifique retirée de toute communauté, et qui vit dans une sorte de folie douce… Deux héroïnes improbables – même voilà quatre ans, il fallait un certain courage pour imaginer faire d'une femme politique un héros positif, et non le rouage de quelque sombre machination…

Maintenant, l'organisation même du livre fait que l'ensemble parait un peu décousu. le fait de passer, dans ce livre, d'un personnage à l'autre, sans que l'on ait, en fin de compte, l'histoire en entier donne l'impression que l'on butine à gauche à droite sans réel fil conducteur. Or, même si je pense qu'il y en a un, il est encore difficile de dire lequel, à la fin de ce livre, ce qui a tendance à agacer un peu…

Bref, si c'est le premier tome d'une duologie, il faut que ce soit clair immédiatement. Si l'histoire doit pouvoir se lire indépendamment d'une suite éventuelle, il faut une chute. Ici, on est dans une sorte d'entre-deux, qui, du coup, parait un peu frustrante…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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