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Critique de lafilledepassage


Très belle découverte de Valérie Rouzeau avec ce recueil en deux parties : Pas revoir et Neige rien.

Dans Pas revoir, Valérie Rouzeau parle de la mort de son papa, depuis l'apparition de la maladie :
« de dans la chambre où j'ai grandi le gel a gelé l'eau de source
Je dors là, craque le plastique – dehors tout une éternité hulotte chante clair.
Avant le coucher mon père et moi chacun à un lavabo lui se trouvant jaune moi mentant que pas tellement.
Mais il était jonquille, forsythia, du tout la bonne heure du printemps.
Les beaux jours vivement (qu'il disait) vivement. »
jusqu'au fauteuil vide, « que veille son chien » et aux visites au cimetière où « mon père ne dit mot nous sommes tous les deux mais je suis la seule à avoir le vent dans les cheveux et lui est le seul à ne pas ouvrir les yeux ».

C'est tendre, drôle (j'aime beaucoup « dans le journal on a parlé de ta disparition. Il y avait ta photo mais pas de récompense ») et nostalgique à la fois.

Dans « Neige rien », elle nous parle de tout de rien, d'actualités et de la vie de tous les jours. Par exemple :
«L'éternité des souliers
C'est dans la colle qu'il pose
Tout dans la bonne pompe qui dure
Il faut pouvoir compter dessus
D'autant que l'hiver serra là
D'ici deux semelles »

Elle donne ici vraiment libre champs à sa voix si particulière, à sa façon très personnelle de construire et de déconstruire les phrases, de jouer avec les mots, leurs sonorités. Homonymie ou proximité de sens parfois, assonances et allitérations, vers embrouillés quand trop plein d'émotions, … Elle bouscule l'ordre (dans tous les sens du terme en fait) et même parfois le jeu se situe au niveau de la syllabe. Je parle de jeu, parce que je me suis beaucoup amusée à tenter de reconstruire ses petites historiettes, à y trouver un sens, j'avais l'impression d'être devant un puzzle, dont les pièces avaient été mélangées.

C'est imagé et visuel, comme ce « main montre l'heure », « la neige a ses rêves qu'elle ignore de tant tomber de ciel sur nous », … Et c'est aussi très sonore, rythmé, chaloupé, syncopé. On a l'impression de lire du jazz ou parfois du boogie-woogie, du hip-hop aussi. Bref on en a plein les oreilles.

C'est une vraie poésie du jeu et de la liberté. Inutile, je pense, d'ajouter que j'ai adoré.
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