AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Shaynning


Petit dernier de la vaste famille de romans que sont les "Atout" de la maison d'édition Hurtubise, dans la catégorie "Histoire", "Acadie, Adieu!" comme son nom l'indique clairement, traite de la déportation acadienne de 1755, un pan honteux de l'Histoire Canadienne.

Ce petit roman couvre les évènements sur une large période, depuis les prémisses de la déportation Néo-écossaise et Néo-Brunswickoise, dans le contexte politiquement houleux qui le caractérisait alors en 1755, jusqu'en 1785. Expulser les "French Neutrals", les Acadiens, de leurs terres si prisées aura somme toute été expéditif, mais aussi compliqué. On souffrait alors des aléas politiques en matière de territoires, souvent échangés entre deux traités, entre la France et l'Angleterre, en plus de lacunes dans les moyens de communications. de fait, Monkton et Lawrence, hauts placés de l'armée anglaise en sol acadien et responsables de cet important déplacement de population, n'ont jamais reçu clairement l'ordre de chasser les acadiens des provinces maritimes. Déracinés, souvent séparés de leur famille, les acadiens vivront plusieurs voyages très inconfortables, marqué par les conditions d'hygiène difficiles et la surpopulation dans les bateaux, entre l'Amérique et l'Europe, entre côte Est américaine et Îles coloniales. Non seulement déportés, mais aussi trimballés, rejetés, compensés, puis exilés à nouveau, les acadiens auront été mal accueillis à peu près partout. Certains endroits, comme la Louisiane, resteront marqués culturellement et linguistiquement de leur passage.

Roy utilise un couple pour nous faire voyager, tantôt avec les acadiens, tantôt avec les forces navales anglaises. Benjamin Love, jeune officier britannique bilingue, tombe amoureux de Marie-Lysandre, acadienne de Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse. Un peu en écho de la célèbre histoire d'amour entre Évangéline et Gabriel, récit amoureux très connu des acadiens puisque se déroulant durant la Déportation également, l'histoire de Benjamin et Marie-Lysandre nous fait suivre le nombre effarant d'escales, de déboires nautiques, de villes portuaires et de destinations qu'auront fait les acadiens. Pas tous, bien sur, car les acadiens auront été expédiés aux quatre coins du monde, pour ainsi dire.
Ne vous attendez pas à une grande histoire d'amour à l'eau-de-rose, c'est beaucoup plus un récit historique qui prend appuis le duo de personnage pour nous narrer les évènements et donner un fil conducteur au récit. C'est extrêmement condensé et même survolé, mais si vous voulez vous donner une base en matière d'Histoire sur la déportation, c'est un bon début. Roy y glisse même la terrible condition des Micmac, personnifiée par Etienne, à l'époque. Une époque où on pouvait être condamné juste en raison d'une filiation autochtone.
**Pour ceux que ça intéresse, sachez que la suite de l'histoire des acadiens demeurés en sol canadien ne fut pas rose. Stigmatisation, interdictions de parler le français, assimilation et bon nombre de maltraitances ont été le lot de beaucoup d'acadiens. Aujourd'hui encore, les acadiens se battent pour leurs Droits, leur culture et leur langue. Une première université francophone a même vue le jour, il y a 50 ans au Nouveau-Brunswick: L'université de Moncton, dans la ville du même nom.

C'est donc une lecture rapide, sans fioritures, condensée, synthétisée et pertinente en littérature jeunesse.
Commenter  J’apprécie          112



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}