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Critique de dconstanciel


Si l'on souhaite, par le biais d'une petite compilation de conférences au format nécessairement court, bousculer quelque peu son confort personnel, ce livre est recommandable. L'Inde n'y est pas précisément décrite comme une économie émergeant vers la prospérité, comme le berceau d'un apôtre moderne de la non-violence, et comme la plus grande démocratie du monde ; mais plutôt comme un "sous-continent" où l'on vit très majoritairement dans la pauvreté, sous la férule encore prégnante d'un système de castes maintenant à l'écart les fameux Intouchables, à travers une mosaïque inimaginable de dialectes, à laquelle se superpose de longue date une opposition frontale entre hindous et musulmans, prenant ces dernières années une tournure carrément fasciste, selon l'auteure, par volonté de la frange nationaliste au pouvoir de séparer le bon grain de l'ivraie, sous des formes particulièrement radicales au Cachemire et en Assam, et partout d'une manière qui ne garantit pas de sa sûreté personnelle. On sent, conférence après l'autre, le cri d'une femme utilisant sa plume pour dénonciation, et que la mort semble environner de près. Toute parole appelle la contradiction, et d'ailleurs l'ouvrage contribue à l'impression que, décidément, rien n'est simple. Quel qu'en soit l'inconfort, l'auteure énonce très dignement qu'il n'y a pire attitude, au fond, que de nier la complexité. "Pour le moment, cependant, pendant que nous nous débattons pour maintenir les fenêtres ouvertes, je pense que c'est de la subtilité que notre libération dépend. L'espoir réside dans des textes qui peuvent contenir et garder vivants notre complexité, nos enchevêtrements et notre densité, contre les assauts meurtriers des simplifications terrifiantes du fascisme. Elles nous foncent dessus de plus en plus vite sur leur piste droite et lisse et nous les accueillons avec notre ruche, notre labyrinthe. Nous gardons notre monde compliqué, toutes coutures exposées, vivant dans nos écrits". Et si nous devions, pour notre part, mieux apprécier les interminables marchandages entre gouvernants de la mosaïque européenne, orchestrées par la bonhomie de Charles Michel ?
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