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Critique de Jolap


Jolap
21 septembre 2017
Jean-Christophe Rufin est un raconteur d'histoires. Il n'utilise pas de phrases ampoulées, pas de méandres où l'on s'égare, pas de circonvolutions, pas de propos à double sens sujets à interprétation, pas de message hermétique, pas de prise de tête. Des phrases courtes, explicites, vivantes, armées. Un style simple, pur, élégant, racé. Il écrit des dialogues pour donner du relief et déroule son récit tranquillement, retenant ainsi l'attention du lecteur afin de ne jamais le lasser. du bel ouvrage qui invite toutefois à réfléchir.

Le collier rouge est inspiré d'une histoire vraie arrivée au grand-père de Benoit Gysembergh, ami de l'auteur, reporter photographe à Paris-Match, aujourd'hui disparu. Il raconte que son grand-père, au lendemain de la guerre 14-18, décore son chien un jour qu'il avait bu un coup de trop. Il défile dans son village avec l'animal décoré et se retrouve en prison.

Jean-Christophe Rufin interpelé décide d'écrire un roman. Il tient son personnage principal, Guillaume, un genre de briard « à l'allure de vieux guerrier ……..aux cicatrices témoignant de blessures par balles ou éclats d'obus ». Son maître va s'appeler Jacques Morlac. Il sera ancien membre de l'armée d'Orient, décoré de la Légion d'Honneur pour ses exploits sur le front Grec lors de la bataille des Dardanelles. Impulsif, écorché vif, rebelle il sera emprisonné dans un petit village du Berry pour avoir porté atteinte à la Nation.
Et puis deux personnages secondaires donneront du souffle et de la profondeur à l'histoire : Lantier du Grez, un juge militaire aristocrate, patient et attentif, chargé des interrogatoires et Valentine, militante pacifiste, au caractère entier, fidèle et impliqué, l'amour de Jacques Morlac.

Lors des interrogatoires, les échanges sont brefs, puis prennent corps, l'occasion pour l'auteur de nous conter certains pans historiques, de les rendre vivants bien loin des récits académiques. La mesure n'existe plus, en tous les cas elle échappe au lecteur. Nous ne sommes plus dans un fauteuil en train de lire, nous sommes au front. Les pages volent en éclats sous les obus. Ce que nous considérions comme des héros sont devenus des bêtes et nous rendons hommage aux chiens, véritables héros, seuls capables de fidélité.

Ecoutons Jean Christophe Rufin nous parler de son livre.
« C'est un petit hommage à ces chiens qui ont suivi leurs maitres. Il y en avait des centaines de milliers sur les tranchées. le combattant est un animal. Ce qu'on lui demande c'est d'être une bête, d'être d'une cruauté terrible à l'égard de ses ennemis. C'est tout le sujet du livre. Ce qui différencie l'animal de l'être humain c'est la fidélité. C'est toute l'histoire des guerres. La seule victoire, c'est aujourd'hui un siècle après, quand on a pu dépasser ça et faire alliance avec ses ennemis. On a dépassé notre part animale. Ce n'est pas un livre sur la guerre. C'est l'après-guerre. de la barbarie animale à la fraternité. »

Un roman court. Des relations humaines complexes mais décrites simplement. Un chien qui n'arrête pas d'aboyer. Un juge qui arrête de juger et met de l'ordre dans ses idées. Un héros qui n'en est plus un. Une nouvelle photographie de l'Histoire. Une histoire convaincante et réaliste. Une atmosphère très particulière. Une invitation à se remettre en question.

Peut se lire dès le collège à mon avis. L'auteur qualifie ce roman d'humaniste. Je ne peux que souscrire et conseiller cette lecture.
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