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Critique de sandrine57


Pris en otage par des terroristes, le jumbo jet Bostan, vol Bombay-Londres AI-420, explose en plein vol ne laissant aucun espoir aux voyageurs. Pourtant, deux hommes survivent : Gibreel Farishta et Saladin Chamcha. le premier est un célèbre acteur de Bollywood, une star adulée par le public indien, le second est un comédien lui aussi, installé en Angleterre où il vit du doublage de voix, la peau sans doute trop sombre pour obtenir un vrai rôle. C'est en chantant que les deux hommes atterrissent sur une plage anglaise, sauvés de l'explosion, mais transformés pour toujours. Gibreel devient l'ange Gabriel tandis que Saladin, affublé de cornes, de sabots et d'une queue, devient Cheytan, l'incarnation du diable sur terre.

Ainsi commencent Les versets sataniques qui avant même la parution officielle auront fait couler beaucoup d'encre et de sang. Inutile de revenir sur la fatwa, les autodafés, les exécutions, les attentats qui furent le fait d'extrémistes illuminés s'étant sentis humiliés et méprisés, par cette oeuvre, selon eux, anti-islamique et blasphématoire. Pour le profane, le livre se présente comme un conte, à caractère religieux certes, mais qui évoque aussi des sujets universels comme la lutte entre le Bien et le Mal, l'exil, le déracinement, la famille, le racisme, l'amour, la vie, la mort, la foi, etc.
Teintée d'onirisme et de réalisme magique, l'oeuvre, complexe, tourbillonnante, difficile d'accès, puise aussi ses sources dans la réalité. Salman Rushdie s'est inspiré de faits réels pour nourrir son roman, à commencer par l'attentat contre un avion d'Air India en 1985. On y croise aussi l'ayatollah Khomeini sous les traits d'un religieux dévorant son peuple, ou encore des fanatiques chiites persuadés que la mer s'ouvrirait devant eux comme devant Moïse et morts noyés en 1983. Mais bien sûr, le coeur du sujet est la vie et l'oeuvre du prophète Mahomet et l'épisode controversé des versets sataniques. Rebaptisé Mahound, le prophète est à Jahiliya (La Mecque) où il tente d'imposer le monothéisme quand Satan, sous les traits de l'ange Gabriel, le convainc d'accepter au côté de Dieu, les trois déesses vénérées dans la ville. L'épisode de cette concession au polythéisme qui met en cause un Dieu unique est vivement controversé par les musulmans et c'est ce qui a mis le feu aux poudres, plongeant l'écrivain dans le chaos d'une vie sous la menace d'une fatwa décrétée par un ayatollah iranien. Pourtant, Rushdie a bel et bien écrit un ROMAN qui laisse la place à son imagination foisonnante, certes inspirée par les mythes et légendes propres à sa religion, mais qui doit avant tout être lu comme une histoire inventée et non un pamphlet ou une exégèse.
Si l'on se détache des polémiques, il reste une vraie aventure littéraire, une montagne difficile à gravir qui nécessite une attention constante et qu'on referme avec la satisfaction, voire la fierté, d'en avoir atteint le sommet.
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