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Critique de Powoui


« C'est l'hiver. Les jours diminuent. Il fait froid et silencieux. En haut de la colline, on enterre Madeleine, car Madeleine est morte. Öko sème quelques graines sur le petit tas de terre. Il espère que les fleurs seront blanches. Il est temps de partir… »

Il est temps de partir pour les amis de Madeleine, Nour, Mieke, Nestor, Mitsu, Roman, Eliott, Hervé et Öko, la grenouille dont on va suivre l'histoire cet hiver. Tous se retrouvent dans la maison de Madeleine et prennent le temps de se souvenir. Chaque objet renvoie à un trait de personnalité de Madeleine. On retrouve même des « souvenirs d'oiseaux » qu'elle aimait dessiner d'un seul trait. Quand il est temps de rentrer, Öko aurait aimé raccompagner Nour, si seulement il avait été plus rapide que Roman. Mais il repart en serrant bien fort le livre et la lampe qui lui rappellent son amie.

« Seul. Öko se fond dans le noir. Il n'a pas peur. Personne ne sait où il est, ni ce qu'il fait. Il aime ça. Il pense aux dimanches chez Madeleine : elle faisait des gaufres et il s'occupait de son jardin. Elle lui disait alors : « Tu es formidable. » C'était bien. Personne ne sait si Öko pleure sauf la Lune, qui se lève et lui sourit. »

Si Mélanie Rutten nous rappelle l'importance de se soutenir et de se réconforter ensemble, elle nous révèle aussi les petits bonheurs de la solitude. Seul, le sourire aux bords des lèvres, on sent que le souvenir de Madeleine réchauffe le coeur d'Öko, à l'image de ce feu de cheminée auprès duquel il se blottit.

« le feu crépite. le froid est resté dehors. le livre de Madeleine est plein de mots et d'images, c'est un dictionnaire. Dedans il y a des petits papiers avec des mots écrits à la main, ceux qu'elle aimait ou qu'elle cherchait à comprendre : éphémère, corolle, métamorphose… Öko pense aux fleurs qui continuent à pousser dans le jardin de Madeleine et s'endort. »

Oh, comme on a envie de s'allonger près du feu nous aussi, à feuilleter les souvenirs ! de se laisser bercer par le crépitement du feu et de rêver du jardin fabuleux et sans fin de Madeleine ! de s'émerveiller à l'arrivée de la première neige, de dessiner un oiseau d'un seul trait dans la neige avec Öko, « parce que certaines chose peuvent être parfaites. Parce que marcher dans la neige est aussi bon que piétiner un château de sable à la plage ». Avec Öko, on entend le silence singulier des flocons qui tombent doucement et on sent le vent emporter légèrement l'écharpe ou le rideau…

Comment expliquer cette douce nostalgie, cette émotion si particulière qui nous envahit à la lecture de l'histoire d'Öko, qui découvre un thé chaud en hiver, posé dans la neige au creux d'un arbre, et dont les volutes de fumée s'élèvent jusqu'au ciel ? C'est un album tendre et indispensable. Mélanie Rutten ne réussit pas seulement à nous parler de la mort d'un être cher et du deuil, elle nous rappelle surtout la magie de la vie, de celle qui a animé l'ami qui s'est effacé et de celle qui continue – une vie encore pleine de rencontres chaleureuses. Elle nous rappelle avec tendresse le cycle éternel, à l'image de cette tasse de thé choisie pour l'invité surprise, et du retour du printemps qui fait fleurir les fleurs blanches plantées cet hiver.
Lien : https://horspistes.wordpress..
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