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Critique de domi_troizarsouilles


J'avais découvert l'autrice de ce livre il y a quelques années, à travers son premier ouvrage qui semble avoir rencontré un grand succès (il sert d'ailleurs de référence sur la couverture) : « La chorale des dames de Chilbury », alors acheté dès sa sortie chez Belgique Loisirs, et lu dans la foulée. Je ne me rappelle plus trop l'histoire de celui-là, mais c'est l'un de ces livres qui, même plusieurs années après, et alors que l'intrigue s'est effacée de notre mémoire, a laissé un tel souvenir qu'on n'hésite pas à dire à quiconque nous en parle : ah oui, c'était vraiment un bon livre ! Un sentiment que, de plus, je ne peux appuyer sur rien, puisque à l'époque je ne notais ni commentaire, ni même une simple appréciation sur les livres que je lisais !

Quoi qu'il en soit, quand je suis tombée sur ce titre-ci un peu par hasard dans le catalogue de Lirtuel (la bibliothèque belge francophone en ligne), je n'ai pas hésité une seule seconde. Hélas ! même si ce titre-ci est plutôt bon aussi, autant dire tout de suite qu'il n'a pas été à la hauteur du souvenir que j'avais de « La chorale » etc.

On retrouve les thèmes apparemment chers à l'autrice : un décor anglais villageois – du moins en point de départ, car ensuite l'essentiel de l'action va se passer dans différents quartiers de Londres – avec ses antagonismes et autres petites rivalités locales qui peuvent prendre une dimension énorme pour les concernés ; les interactions entre ces différents protagonistes et leur véritable évolution tout au long du livre, parsemées de bons sentiments et accompagnées de petites vacheries, mais en tout cas tous évoluent d'une façon ou d'une autre ; le tout dans le contexte apparemment récurrent de la 2e guerre mondiale, avec ici une attention marquée au Blitz et ses ravages à tous points de vue.
Tout commence quand Mrs Braithwaite, femme énergique et largement autoritaire, présidente du « Service volontaire féminin » local, se fait démettre de ses fonctions, justement à cause de sa façon de mener son monde à la baguette… mais aussi parce qu'elle est divorcée, un statut bien peu honorable dans son village, même si c'est monsieur qui a décidé de partir avec une autre. Blessée dans son orgueil, elle si soucieuse des apparences et de sa réputation auprès des autres, elle décide alors d'aller voir sa fille Betty partie vivre à Londres, afin de lui révéler un secret – qui ne sera dit que beaucoup plus tard.
Seulement voilà : arrivée chez le vieux monsieur, Mr Norris, qui loue ses chambres à trois jeunes filles dont Betty, elle découvre que sa fille semble avoir disparu depuis plusieurs jours. Mrs Braithwaite va alors entamer une véritable croisade pour retrouver sa fille, avec l'aide de ce fameux Mr Norris, à son corps défendant !

Comme je disais, l'histoire est pleine de bons sentiments, et personne n'est tout à fait ni blanc ni noir. Ils ont tous leurs traits de caractère bien spécifiques, bien trempés, plein de défauts parfois exagérés mais ça ne les rend que plus humains (et plus reconnaissables les uns des autres), et tous ont aussi au moins un « bon côté » qui va ressortir peu à peu. L'autrice y explore particulièrement la relation mère-fille, avec une certaine justesse, malgré les débordements parfois excessifs de notre personnage principale. Cet aspect du livre est plein d'humanité (j'ai particulièrement aimé les épisodes avec la jeune B. Braithwaite), on a envie de croire que les personnages les moins sympathiques au départ, valaient vraiment la peine d'être rencontrés – et c'est bien le cas de Mrs Braithwaite, qui n'est guère attachante au début, même si l'ostracisme dont elle fait l'objet à cause de son divorce indigne un peu le lecteur moderne, mais on n'a quand même pas envie de l'avoir pour amie ! Et pourtant…

Avec ça, on est entraînés dans une véritable enquête qui se situe quelque part entre le cozy mystery historique, et une histoire d'espionnage tout à fait vraisemblable malgré, à nouveau, un côté parfois un peu excessif, surréaliste même, je ne sais trop comment l'exprimer.
C'est cet aspect-là du livre qui, paradoxalement, aurait pu lui ajouter une touche captivante supplémentaire… mais ce n'est pas tout à fait réussi. À vouloir en faire trop, l'autrice a fini par me lasser quelque peu, ce qui a sans doute provoqué le fait que j'apprécie moins ce livre-ci que « La Chorale » etc. En effet, vu le caractère de Mrs Braithwaite, l'enquête est menée tambour battant, avec des nombreux rebondissements, des retournements de situation (souvent assez attendus, on n'est pas dans un suspense intenable, néanmoins « ça marche » !). Cependant, par moments c'est carrément « trop », comme cet interminable chassé-croisé entre Mrs Braithwaite et Betty, qui ne cessent de s'inquiéter l'une pour l'autre tout en s'agitant chacune de son côté, faisant pire que bien ; on alterne ainsi les points de vue et les quiproquos alors que le lecteur a déjà compris les choses. Certes, le procédé est intéressant, mais là ça devient peu à peu lassant, car ça dure, ça dure, ça dure… et on finit par se demander si ça va enfin « bouger » vers une vraie résolution qui nous permettrait d'aller plus loin. En effet, on est déjà assez tard dans le livre quand les événements reprennent une tournure moins redondante ; malheureusement, à ce moment-là l'intérêt est émoussé, même si l'évolution des personnages fait qu'on continue d'avoir envie d'en savoir plus.

Et dans l'histoire, pleine de petits secrets autour des locataires de Mr Norris (dans cette fameuse Shilling Lane, on l'a compris), le fameux secret que Mrs Braithwaite voulait partager avec sa fille, apparaît comme noyé dans la masse, qui plus est dans un long monologue très peu réaliste, alors qu'on aurait aimé le voir ressortir de façon un peu plus « dramatique » ; ça sentait un peu l'occasion manquée, j'ai trouvé ça dommage !
Sans oublier l'anecdote qui m'a fait sursauter tout à coup : Mr Norris est présenté comme assez falot dès le début, heureusement lui aussi il va évoluer. Mais alors, quel âge a donc l'autrice pour nous le faire entrevoir d'emblée comme « vieux » ? Plus exactement, il est décrit dès sa 1re rencontre avec Mrs Braithwaite comme « un petit homme d'un certain âge ». On lui donne spontanément dans les 3*20, ou pire encore… dès lors, quelle ne fut pas ma surprise quand on révèle plus loin qu'il a en fait 51 ou 52 ans !? C'est mon âge, et même si je ne suis pas partisane du jeunisme à tout prix, et ne me considère donc certainement plus comme jeune, je ne me décrirais pas non plus comme « d'un certain âge » !!! Alors, peut-être était-on plus vite abîmé dans ces années 1940-41 lors du Blitz, mais quand même… J'ai été choquée !

Quoi qu'il en soit, je peux conclure que c'était un bon livre, auquel il manque juste ce petit « plus » qui aurait fait la différence pour qu'on le retienne vraiment. le contexte du Blitz y est présenté avec beaucoup de réalisme, avec une enquête façon cozy mystery menée tambour battant, mais un peu décevante car trop redondante. Les personnages sont bien campés et très humains dans leurs défauts qui ne nous sont pas épargnés, et surtout dans leur évolution pleine de bons sentiments, dont une relation mère-fille sans faux-semblants, qui font du bien.
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