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Critique de Syl


Syl
08 février 2013
Ce n'est pas simple d'imaginer le bruit de l'océan lorsqu'on ne l'a jamais entendu. Il existait avant une étendue d'eau, puissante, odorante et bruyante. D'après la mère de la mère de Mary, il ressemblerait au souffle du vent dans les feuillages.
Mais n'est-ce pas simplement une légende, un conte que l'on chuchote aux enfants pour qu'ils fassent de beaux rêves, un espoir que l'on entretient quand l'existence paraît vaine et étroite ?
Mary veut le percevoir. Elle y croit. C'est son secret. Alors, elle se rapproche doucement de la forêt pour chercher la sensation des vagues, vers la forêt qui se prolonge derrière le grillage, la Forêt de Mains et de Dents, la Forêt des Damnés.

Hors du village ceint par des barbelés, la vie n'est plus. A celui qui ose s'aventurer à l'extérieur de l'enceinte, on prédit la souffrance, la mutation, la mort. Une frontière érigée par les hommes, les Gardiens, protège les humains des morts-vivants, mais les risques d'intrusion sont fréquents et l'alarme, lorsqu'elle se déclenche, renvoie les survivants sur des plate-formes dans les arbres.

Mary lave le linge à la rivière et ses pensées sont celles d'une jeune fille en âge d'être promise. Bientôt la fête des Récoltes sera célébrée. Lors des festivités, les jeunes qui désirent s'unir feront leur déclaration. Face à Harry qui l'invite aux festivités, elle ne sait plus quoi dire. Sensible à sa gentillesse, son amitié, elle s'avoue préférer son frère Travis, Travis qui va se fiancer à Cassandra, son amie d'enfance.

Alors que la sirène retentit, Mary comprend immédiatement que cela pourrait concerner sa mère qui ne supporte plus d'être séparée de son mari parti de l'autre côté de la clôture. Lorsqu'elle arrive au village, elle la voit ensanglantée et mordue. Contaminée par une morsure, elle est immédiatement attachée et prise en charge par les religieuses qui aident les Gardiens à maintenir l'ordre et la sécurité.

La mutation se fait assez rapidement et sous les yeux de Mary, on livre sa mère au monde des zombies. Une trace encore d'humanité dans les yeux, elle se tient près de sa fille et a juste la force de lui murmurer… «- L'océan, Mary l'océan ! (…) C'est tellement beau (…) L'eau, les vagues, le sel ! Ma petite fille. N'oublie pas…»

Recueillie par soeur Tabitha, la mère supérieure, Mary reste dans la Congrégation une semaine, le temps d'une possible évolution. Mais à sa sortie, repoussée par son frère Jed qui lui reproche de ne pas avoir décapité leur mère, Mary se retrouve à la rue, contrainte de réintégrer les murs de la cathédrale.
« Dans mon village, une femme non mariée a trois possibilité. Ou bien elle vit avec ses parents, ou bien un homme demande sa main, lui fait la cour pendant l'hiver et l'épouse au cours des cérémonies du printemps, ou bien elle entre dans la Congrégation. »

Les règles dans cette communauté sont strictes. Dans une petite cellule, Mary doit garder le silence et se purger de toutes velléités et idées impures, en lisant le Livre Sacré cinq fois.

Ce lieu sera désormais son foyer et les religieuses sa famille. de mémoire, la Cathédrale a toujours existé, grande, bastion imprenable, soutien des rescapés, elle date d'avant le Retour, celui des Damnés, mangeurs de chairs humaines.

La réclusion est difficile mais Mary la préfère aux rapports avec les autres religieuses et aux regards inquisiteurs de soeur Tabitha, une femme secrète, fanatique et cruelle. Ainsi parfois, libérée de leur surveillance, elle peut mieux rêver à l'océan, imaginer un autre monde, ou découvrir les moindres recoins de la Cathédrale en arpentant les nombreux couloirs et des passages interdits.
Quant un matin, on lui demande de s'occuper d'un accidenté, elle ne s'attend pas à retrouver un être cher. Alors, nuit et jour, elle va le soigner et lui raconter, sur le ton de la prière, les histoires d'océan…
Mais un jour l'alarme résonne annonçant le chaos.
.

« La forêt des damnés » est le premier livre de Carrie Ryan, dans lequel elle raconte l'histoire de Mary, une jeune fille née dans un monde détruit et recomposé. Il y a fort longtemps, un virus, l'apocalypse, une guerre, a transformé les morts en zombies, des cadavres aux chairs décousues, aux membres dégondés, affamés de sang et de viande, et a épargné quelques uns qui se sont regroupés dans un village cerné par des clôtures de barbelés et des chemins. Dès qu'une personne s'approche trop près du grillage, ils arrivent, alléchés par la chair fraîche et se déchaînent.
Mary, la narratrice, aimerait connaître l'au-delà et surtout voir l'océan, un mythe. Elle raconte alors son espérance et ses désillusions, ses convictions et ses doutes, son assurance et ses faiblesses. Au début du récit, on les imagine bien protégés par des Gardiens qui circulent en patrouilles et qui fortifient les sécurités, mais au fil des pages, on découvre un univers fragile et crédule, vivant dans une autarcie moribonde gouvernée par les religieuses ; il semblerait qu'elles seules aient les clefs du mystère. Tout cela donne une lecture fantastique à l'ambiance lourde, asphyxiée, angoissante et captivante qui m'a ravie.
En ce qui concerne les personnages et leurs relations entre eux, je suis moins enchantée. Mary, avec une personnalité marquée, rend les autres plus insignifiants, comme si l'auteur avait distribué des rôles de faire-valoir. Ils sont indécis dans leurs sentiments, impuissants, asservis et timorés. C'est dommage, car cela génère des regrets dans la deuxième partie du livre.

Conclusion : Frissons garantis ! Lecture sympathique, style simple, cascade d'actions dans le final… mais… une histoire qui aurait pu être géniale si l'auteur ne s'était pas fourvoyée dans les caractères des personnages, de leurs amours, et si elle avait un peu raccourci certains passages que j'ai trouvés longs.

Une suite est donnée avec « Rivage mortel ». Si ma bibliothèque l'a, je ne manquerai pas de le lire, il paraîtrait qu'il soit meilleur.
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