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Critique de MlleJuin


J'ai choisi "Tout cela n'a rien à voir avec moi" un peu par hasard, attirée en premier lieu par le titre et la couverture d'un rouge vif, puis par le résumé.
En le débutant je m'attendais, naïvement je l'avoue, à une énième histoire d'amour qui tourne mal. Et bien c'était une erreur car ce livre n'a rien d'une romance fleur-bleue classique, il est plutôt du genre inclassable.
La première partie, intitulée « de l'aveuglement », relate les débuts de la relation entre MS et XX. Ils travaillent dans la même entreprise, leurs bureaux se faisant face au sein de l'open space, et, bien qu'apparemment très différents l'un de l'autre, leur lien déborde bien vite du cadre professionnel.
Le fond est donc assez simple mais la forme se révèle déconcertante: le style tient tout à la fois du journal intime, de l'enquête policière et de l'étude de cas scientifique. L'auteure, qui s'exprime un peu comme le ferait une voix off dans un reportage, nous prend à témoin en nous exposant diverses preuves, écrites ( retranscription de sms, de notes ou de lettres ) ou matérielles ( objets hétéroclites ), de l'histoire qui se noue entre les protagonistes.
S'il n'y avait pas eu de petits traits d'humour pour égayer l'ensemble je me serais prodigieusement ennuyée.
On comprend peu à peu, entre les lignes, que la relation entre MS et XX est bancale dés le départ et qu'il y a peu de chances pour qu'il en ressorte quelque chose de bon. Alors qu'elle ( MS ) est dans la demande, l'action, la verbalisation, lui ( XX) est dans l'immobilisme, l'attente, le silence.
Je me suis d'ailleurs demandé s'il était vraiment question d'amour entre eux; là où l'une est en manque de tout l'autre paraît juste saisir l'occasion. Il n'est nullement question ici de coup de foudre ou de passion.

La deuxième partie, intitulée « Des antécédents », adopte finalement le style du roman. On y découvre les origines troubles de MS, dont le prénom est en fait Monica, fille illégitime d'une mère émotionnellement instable tombée sous le charme d'un séducteur de bas étage qui l'a abandonnée sitôt sa grossesse connue. On apprend ses premières expériences amoureuses, déjà déséquilibrées, et on devine la construction de son difficile rapport aux hommes, confortée par sa fugace rencontre avec son géniteur ( qui ne sait décidément pas rester ).
C'est ici que prend naissance la véritable problématique du livre: quel impact a notre histoire personnelle sur notre relation aux autres et les choix amoureux que nous faisons?

La troisième et dernière partie, intitulée « de l'effondrement », est, au niveau du style, un mélange des deux précédentes. Elle démontre en filigrane, par l'exploration de la personnalité d'Ambra ( la mère de MS ) et du couple qu'elle forme avec son nouveau conjoint, comment et à quel point l'exemple des parents, leur propre rapport à l'amour, imprègne et définit inconsciemment le futur comportement amoureux des enfants et peut être destructeur.
On y lit les derniers échanges entre Monica et XX, signes de son mal-être, de son manque de considération pour elle-même et de son incapacité à reconnaître combien la relation à laquelle elle s'accroche est vide de sens, préférant ainsi la médiocrité à la solitude. On découvre aussi l'abandon de sa mère, le lien ambigu et malsain qui en a découlé avec son beau-père et les traces que ces blessures ont laissées comme autant de failles dans les fondations de son être.
Les pièces s'emboîtent et le puzzle prend forme. On comprend que ce livre n'a finalement pas grand chose à voir avec la romance mais plutôt avec le manque d'amour, constitutif du rapport aux autres ( dont la relation amoureuse n'est qu'une des possibilités ), de reconnaissance et, de façon générale, l'absence.

Je suis ressortie de cette lecture mitigée: la forme du livre m'a vraiment déstabilisée et je n'y ai pas vraiment adhéré. J'ai du coup eu du mal à m'attacher, ou en tous cas à m'identifier, aux personnages et plus particulièrement à Monica. Ce n'est qu'à partir de la deuxième partie du roman que j'ai commencé à mieux la comprendre et, finalement, à la plaindre.
En dehors de ça je trouve le questionnement soulevé par l'auteure très intéressant et habilement amené, ça fait clairement réfléchir ( surtout quand on est soi-même parent )! ça laisse même un petit sentiment de malaise…


Lien : https://mllejuin.wordpress.c..
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