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Critique de Gonavon


J'abandonne ce livre, et pour une raison tellement précise que je ressens le besoin de la décrire, pour moi autant que pour de potentiels lecteurs. Il n'y a rien d'horrible à propos de ce livre; la couverture (de la première édition, donc celle-ci) est belle, la mise en page est à la norme, le texte est bien édité, révisé et la plume de Saint-Hilaire coule bien et se permet d'occasionnelles fleurs qui sont la bienvenue. Ce n'est rien de remarquable, la mentalité et le concept de base pour ce livre sont essentiellement les mêmes que Tolkien (et l'auteur lui-même a dit le Seigneur des Anneaux avoir été sa source principale d'inspiration).

Mon problème reste sur un seul aspect, à la page cent. le personnage principal se fait donner quatre fioles (parmi d'autres babioles, tel qu'une armure, un glaive symbolique, ce genre de choses…). Ces fioles, tel que le sage Delbon (l'équivalent de Gandalf) les décrit, sont inépuisables, elles vont sans arrêt contenir ces liquides miracles qui font chacun une chose extraordinaire. La première est un sirop fort nourrissant qui « pourrait nourrir une armée entière ». Soit, un peu poussé, mais la nourriture n'est qu'une technicité, pas nécessairement liée à la bonne continuation de l'histoire ou à l'évolution des personnages.

La deuxième fiole peut pacifier n'importe quel ennemi. C'est encore plus poussé. Juste avec cette fiole, toutes les scènes d'action potentielles sont automatiquement mises en danger, dérobées de leur suspens et possibles ramifications; il existe maintenant un antidote que le héros n'a qu'à agiter et asperger (mais, à en croire la seule critique du site, les scènes de combats sont assez plates et courtes, plutôt décevantes).

La troisième fiole est essentiellement un sérum de vérité, qui force toute personne à parler franchement. C'est moins abusé que les deux autres fioles; juste celle-là, j'aurais pu la tolérer. Mais attendez de voir la dernière. La quatrième fiole est un mystère, le sage dit qu'elle pourrait, selon les légendes, permettre d'utiliser toutes les magies, et peut-être même de rendre immortel.

Réunissez toutes ces fioles ensemble, et le peu de suspens que le livre avait meurt, drette là, immédiatement, brutalement. le suspens a été absolument éradiqué. Ces fioles n'ont pas été indiquées avant, aucun indice, elles arrivent de nulle part et effacent tout danger (et le danger n'était pas très présent jusqu'à présent non plus).

J'avais le strict minimum de motivation à lire, et ces fioles l'ont juste détruit. Je n'ai pas assez confiance en l'auteur – en n'importe quel auteur, en fait, qu'il soit légendaire ou inconnu – pour bien gérer ces fioles. Elles sont l'épitomé des « plot devices », et sans doute les plus extrêmes que j'ai vues. Je réalise qu'il existe la possibilité que ce soit faux, que leurs effets ne soient pas à ce point intense, et que leur usage soit limité. Vrai. Mais dans les premières cent pages, il n'y a aucune subversion, rien qui m'indiquerait que l'auteur ne va pas faire les choses de manière classique. Et comme je l'ai dit, je n'ai plus la motivation d'aller plus loin pour vérifier, je ne trouve pas que ça en vaut la peine.

Mais si, après cette révélation, vous êtes encore intéressé par le livre, alors je vous en prie, lisez-le. Ce que j'ai lu n'était pas mauvais du tout. Ce n'est pas particulièrement original non plus, ça manque de verve et de punch, mais c'est de la Fantaisie tout à fait acceptable et classique, très détendue. La prose coule, les paysages sont beaux, et en termes de livres de fantaisie sortis par les Éditions de Mortagne, c'est sans doute leur plus compétent et mieux écrit, même en prenant en compte ces fioles.

Je dois par contre mentionner que j'ai un « ressenti », venant de ce livre, que l'auteur a un message clair à donner, et qu'il n'est pas le genre d'écrivain à être très subtil à ce sujet; il va livrer son message de la façon la plus claire qui soit, même si c'est moralisateur.
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