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Critique de Meps


Meps
03 février 2018
A l'heure où le monde musulman est en pleine interrogation sur ses positionnements face à ses différents courants, à l'heure où en Egypte un attentat est perpétré au sein même d'une mosquée liée au courant du soufisme, un de mes choix s'est naturellement portée lors de la dernière Masse critique sur cet ouvrage évoquant le destin de Hallaj, figure emblématique du soufisme des premiers temps de l'Islam. (Merci d'ailleurs à Babelio et aux éditions du Jasmin pour m'avoir sélectionné lors de cette MC).

J'avoue que je pensais avoir plutôt affaire à un essai qui m'expliquerait le destin de cet homme face à son époque. Je fus donc surpris, mais plutôt agréablement pour un homme de scène comme moi, de voir qu'il s'agissait en fait d'une pièce de théâtre se basant sur des ouvrages savants pour les retranscrire en texte poétique et dramatique.

Le résultat est plutôt convaincant. On ne peut totalement juger de la qualité poétique de base, puisque chaque langue a ses règles de rythme qui constituent sa poésie. Salah Abdel Sabour est plutôt adepte du vers libre et il explique dans sa postface comment il a combiné différentes formes de poésie classique en les adaptant à la scène. C'est cependant le travail de la traductrice qui seul peut nous guider vers la musicalité de ces vers. Les mots parviennent en tout cas à chanter à nos oreilles malgré le filtre qu'impose un passage par une autre langue.

En passant, petit manque pour moi: l'absence totale du féminin dans les personnages décrits, et même quasi-totale dans l'évocation (seul un des personnages secondaires évoque sa femme et pas par un biais valorisant...) Il est évident que le sujet, l'époque décrite par l'histoire comme l'époque de rédaction n'étaient pas propices à une mise en valeur des femmes. Mais cette particularité ne peut que sauter aux yeux dans le moment de l'Histoire que nous traversons... et elle est aussi frustrante pour quelqu'un qui envisage de monter une telle pièce et ne voit aucun rôle à confier à une femme !

Passé ce petit point gênant, l'oeuvre est vraiment intéressante avec les parallèles qu'elle dresse entre les religions (entre la figure de Jésus et celle de Hallaj, de façon évidente notamment dans le titre de la pièce, même si c'est un choix de la traductrice). L'auteur, même s'il s'intéresse à un personnage empreint de religion, insiste surtout sur son aspect rebelle, sa défense des opprimés face à un pouvoir dédaigneux et injuste. La peinture des différents personnages emblématiques ayant croisé la route de Hallaj (frère en religion, disciples, gens du peuple, juges, compagnons de cellule) donne à voir la réaction d'une société accueillant en son sein une figure décalée et sa difficulté majeure à l'accepter totalement comme sienne.
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