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Critique de Ana_Kronik


Angers est dominée par sa cathédrale. Pour la visiter, on peut garer sa voiture sur la place Monseigneur-Freppel. Mais qui était cet évêque, qui fut aussi député? C'est ce que l'on découvre - entre autres - dans ce passionnant bouquin.

Danielle Sallenave mêle la petite histoire avec la grande. La petite, c'est celle de son arrière grand-mère, qui fut laveuse - non, on ne disait pas lavandière à l'époque. Son travail consistait à laver le linge des autres, et à le rincer dans la Loire. Un travail pénible qu'elle exerça jusqu'à sa mort, car en ce temps-là la retraite n'existait pas. Une vie très modeste, probablement pauvre, on ne sait finalement pas grand-chose de nos aïeux: comme disait l'autre, ils ne sont pas entrés dans l'histoire.

L'histoire de ce pays des Mauges, plus particulièrement du 19ème siècle, est marquée par les guerres, de la contre-révolution des chouans à la défaite humiliante de 1871 face à la Prusse. Elle est marquée aussi par les difficultés auxquelles la République va se heurter, en particulier dans cette région où les pouvoirs bien établis, la bourgeoisie, la noblesse, et surtout le clergé, vont s'allier pour se rebeller contre les institutions républicaines.

L'instruction, par exemple: pas question de la laisser aux laïques. C'est là que Monseigneur Freppel va intervenir, il est encore loué aujourd'hui pour avoir créé l'université catholique de l'Ouest. Il se battra pied à pied contre les républicains et leurs réformes, y compris contre l'avis du pape Léon XIII. Il est plaisant de constater que son reproche envers l'instruction laïque est qu'elle entraînerait la société vers le matérialisme, la recherche des plaisirs faciles... alors que les pauvres passaient leur temps à travailler, et vivaient dans des conditions précaires!

Ce siècle est aussi marqué par l'essor du progrès technique avec notamment l'arrivée du chemin de fer, lequel va offrir des moyens de transport inespérés au petit peuple. L'arrivée aussi de l'eau sur l'évier, des vaccins, ...

Danielle Sallenave rend un vibrant hommage à l'instruction publique, laïque, et réhabilite ce petit peuple méprisé par les notables. Ce peuple que l'on trouve toujours assez bon pour s'épuiser au travail, ou lorsqu'il faut l'envoyer à la guerre, mais dont il faut se méfier, et qui mérite son malheur par ses comportements excessifs: lorsque le choléra frappe, par exemple, en 1849, bien évidemment, les principales victimes vivent dans les quartiers insalubres d'Angers. On les attribue aux ivresses, aux bals, aux négligences ouvrières.

Un livre qui fait réfléchir par les rapprochements et les comparaisons que l'on peut faire avec notre société contemporaine: mépris des élites, crise de l'éducation, suppression des petites lignes SNCF, ...
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