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Critique de wellibus2


Le romancier, Pierre Samy Macfoy, qui occupa de hautes fonctions politiques et administratives dans son pays, nous livre un récit sur les premières heures du colonialisme dans un village d'une région perdue de la Centrafrique et ce, jusqu'à la fin de la guerre 14-18. le jeune chef de la communauté en question, Mongou, conscient de la fin irrévocable des temps anciens avec la venue des premiers blancs, s'efforce à ce que le village et ses sujets puissent accompagner au mieux les évolutions structurelles de la nouvelle ère mystérieuse qui se profile. Tout au long du récit, les actes de Mongou sont inspirés par le même refrain ou devrions-nous dire la même rengaine : « le destin est comme l'air que l'on respire. On ne sait d'où il vient ni où il conduit. Mais il faut le prendre comme il se présente. » p.42. Ainsi en va-t-il des conséquences du colonialisme. Que Mongou perde son pouvoir sur ses terres et ses sujets au profit d'une protection garantie par un gouvernement d'une France lointaine et déifiée, affirmant ainsi sa souveraineté, c'est un mal nécessaire : mieux vaut selon Mongou se soumettre et apprendre que résister et continuer à vivre dans les limbes des temps obscures – message qui semble avoir les faveurs du romancier. S'ensuit une longue série de pages sur les apports de la civilisation européenne : le rationalisme administratif, l'aménagement territorial, l'Eglise, la santé, l'agriculture, l'éducation et bien d'autres encore. A propos de l'enseignement, Mongou se fait un honneur d'assister aux cours en dépit de son âge mur pour comprendre la langue des étrangers et ainsi espérer acquérir leurs sciences. Tout de même, des méfaits contrariants du colonialisme sont évoqués avec concision : l'économie monétaire en se substituant à celle autosuffisante du troc à fait naître une société de consommation aux conséquences perverses sur les sujets, notamment chez les indigènes se voyant accorder quelques compétences dans l'administration coloniale : ivres de lucres, ils s'adonnent pour la plupart à la corruption. L'auteur n'oublie pas en outre les méfaits des cultures de rente imposées aux paysans, un fardeau meurtrier. Chez Pierre Samy Macfoy, dans l'ensemble l'entreprise coloniale apparaît sous des atours plutôt bénéfiques. Ce blog n'est pas l'endroit pour opiner sur ce jugement. En revanche une critique sur la forme doit-être faite sur cette première partie, en l'occurrence l'impression pour le lecteur de lire moins un roman qu'un témoignage dressant une liste d'arguments à la manière d'un catalogue. L'intérêt de la lecture y perd énormément. Et malheureusement cet effet « compilation » est ressenti avec plus d'acuité dans la seconde partie. Mongou grâce à ses efforts dans la conscription des siens pour la guerre en Europe est gratifié non pas des tranchées mais d'un long séjour à Paris. Se succèdent dès lors des dizaines de pages où sont relatées les mésaventures du nouveau-venu dans la capitale : Mongou dans un grand magasin, Mongou dans le métro, Mongou au cinéma, etc. Très vite la litanie de telles mésaventures devient ennuyeuse. Une torpeur renforcée par un style bien trop fade. Certains diront que cet ouvrage est vraisemblablement réservé à un jeune lectorat ce qui excuserait en partie les lacunes citées ci-dessus. Pour ma part, cet argument ne tient pas. Que dire de plus de ce récit si ce n'est qu'il ne confirme pas, loin s'en faut, ses premières pages qui annonçaient un roman prometteur.

http://litteratureafricaine.unblog.fr
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