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Critique de si-bemol


“Si on me demande ce que j'ai voulu faire, je répondrai que j'ai voulu faire une chose très touchante et très simple (...). Voyez donc la simplicité, vous autres, voyez le ciel et les champs, et les arbres, et les paysans surtout dans ce qu'ils ont de bon et de vrai.”... Ainsi s'adresse George Sand aux lecteurs de "La Mare au diable" dans sa notice de 1851.

Avec "La Mare au diable", le premier de ses romans champêtres, George Sand nous raconte en effet une histoire toute simple : celle de la rencontre fortuite de deux êtres que tout sépare, un homme et une femme, Germain et Marie, qui voyagent ensemble puis s'égarent au hasard des chemins dans les brouillards impénétrables de la campagne berrichonne.

Il a vingt-huit ans, elle en a seize ; il est laboureur, elle est simple bergère ; il a un peu de bien, elle est dans la misère ; veuf, il est en route pour un remariage qu'il ne souhaite pas, à la recherche d'une nouvelle épouse pour s'occuper de ses trois enfants, elle vient de quitter sa mère et son foyer, chassée par la pauvreté et la nécessité de se louer pour survivre.

La Mare au diable, ses dangers et ses sortilèges les égarent et les obligent à trouver refuge ensemble pour la nuit. On chemine, on parle, on se confie, on compatit l'un de l'autre, on se découvre, on s'apprécie. Et voilà que sous le regard complice de Petit-Pierre, son petit garçon qui s'est débrouillé pour faire partie du voyage, Germain s'éprend de la jeune fille, même si, raisonnable et lucide, elle le repousse, même si rien n'est possible entre eux et encore moins permis, même si, soumis l'un comme l'autre aux nécessités économiques et aux règles sociales, ils se doivent de se soumettre à des destinées que d'autres ont tracées pour eux. A moins que…

Il y a bien sûr dans "La Mare au diable" quelques longueurs, quelques exaltations romantiques, des digressions et des invraisemblances (en particulier dans la manière de s'exprimer des personnages), il y a tout cela qui peut, selon les goûts de chacun, nuire au roman ou au contraire contribuer à son charme : et pour moi, ce fut plutôt un charme supplémentaire au parfum légèrement suranné. Mais il y a surtout la langue de George Sand, sa belle écriture précise et fluide, la justesse de son approche des émotions et des sentiments, sa sensibilité profonde aux beautés de la nature - elle qui fut, viscéralement, une femme de la campagne - et ses indignations, étonnamment actuelles, qui reflètent ses engagements politiques et ses convictions sociales.

Au final, "La Mare au diable" est effectivement, comme le voulait George Sand, “une chose très touchante et très simple” que j'ai relue avec beaucoup de plaisir et qui me laisse en bouche un petit goût de nostalgie et de douceur. Un très joli “petit” roman, et la relecture bien agréable d'un texte qui, pour moi, ne s'est pas fané avec le temps.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 - Des classiques contre l'illettrisme]
[Challenge hommage à NOTRE-DAME de PARIS]
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