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Critique de Bougnadour


Otto Wächter fut un nazi autrichien de la première heure puis un administrateur de haut rang dans les territoires occupés de Pologne. Il a envoyé à la mort des dizaines de milliers de juifs, en particulier ceux de Lemberg (Lwow, Lviv) avec la famille de P.Sands, qui en a fait le sujet de son précédent ouvrage.
Dans la continuité Sand décide de suivre le parcours de O.Wächter de l'anschluss à la chute du Reich.

Horst le fils de Wachter est un personnage central de l'ouvrage, c'est un homme déjà âgé qui souhaite faire la lumière sur son père, prêt à accompagner Sands il lui ouvre les archives familiales en particulier les journaux de sa mère. Ce faisant il espère que ça lui apportera les éléments dont il rêve car il ne croit pas à la culpabilité de son père.

La première partie est la biographie d'un couple uni Otto et Charlotte Wachter qui vont traverser la période du IIIème reich comme un rêve : la réussite de Otto est totale, les enfants naissent, la situation matérielle est florissante, les combats quotidiens se limitent à essayer d'avoir une plus belle maison que les autres dignitaires nazis. Dans leur correspondance la shoah n'existe pas, les juifs sont un désagrément administratif dont Otto ne parle même pas. Cette criminalité indifférente est proprement stupéfiante.
Après l'effondrement Wachter se cachera plusieurs années dans les montagnes autrichiennes avant de gagner l'Italie pour mourir mystérieusement dans un hôpital romain. Il bénéficiera de l'aide indéfectible de sa femme, d'autrichiens restés nazis et de religieux catholiques anticommunistes.

Ce remarquable ouvrage de P.Sands est riche des différentes dimensions qu'il aborde. La biographie du nazi n'est pas la plus passionnante, Otto Wachter est un esprit étroit et servile sur lequel les théories nazies n'ont pas eu de mal à imprimer.
La rencontre avec Horst le fils d'un bourreau, trop jeune pour avoir compris le rôle de son père, est riche d'enseignements, malgré les preuves accablantes de Sands, Horst trouvera toujours moyen de dédouaner ce père au risque du ridicule mais aura l'honnêteté d'aller au bout de cette enquête qui le déçoit.
On voit combien la dénazification des esprits fut dure dans les générations de la guerre, car on notera au passage que la famille Wachter au sens large désapprouve Horst et préférerait oublier ce passé qu'elle ne condamne pas.

En dernier lieu Sand interroge l'attitude des vainqueurs, il est évident que Wachter n'a été que très mollement recherché. Comment un homme démuni peut-il se cacher dans les Alpes pendant des années sans se faire repérer ? A Rome les américains connaissaient sa présence sans l'interpeller, occupés qu'ils étaient à recruter les meilleurs nazis pour les aider dans la guerre froide. Sans doute O.Wachter n'était pas assez bon pour eux, ça aura été sa seule punition. Pas cher payé.

Le rythme journalistique et les nombreux dialogues ne grévent pas le sérieux historique du livre mais le rendent abordable pour les lecteurs peu familiers de la période
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