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Critique de LoupAlunettes


La quatrième de couverture dit tout.

On ne peut pas être plus clair sur le contenu et les premiers chapitres posent d'ailleurs parfaitement les choses, l'itinéraire de ce mauvais garçon aux oreilles de chou que rien ne prédisposait à l'être.



Les oreilles de Yohan ne sont pas que décollées, elles sont aussi énormes, on ne peut pas les louper, de dos comme de face.

Eric Sanvoisin raconte cette petite particularité, ce petit charme qui pour les tout-petits fait fondre les parents, ce petit détail à qui l'on va donner de l'ampleur en grandissant et qui va devenir une source de mauvais quolibets, parce que tout le monde le fait et que rire ensemble c'est cool.

Rire ensemble devant un bon film ou autour des oreilles de chou de Yohan, quelle différence?

Grandir est parfois difficile et ennuyeux, on se préoccupe de passer une adolescence formidable, d'appartenir à quelque chose.



Pour Yohan, rien ne change.

C'est bête, mais quelle importance?

Pourquoi gâcher le plaisir du collège tout entier et ruiner un moment si fédérateur?

Aussi lorsque les élèves se sont lassés des surnoms "Dumbo" et des blagues sur les ailes d'avion, quand certains ont été surpris que Yohan finissent par se défendre (mais, dis donc, il est méchant?), comme le dit le personnage, les plus teigneux ont inventé un nouveau jeu: tirer les oreilles de Yohan pour tester son élasticité.

L'idée était irrévérencieuse mais tellement drôle.



Pour Yohan, cela ne peut pas durer. Rester seul du côté de la barrière avec ce truc pas cool promu meilleure blague du siècle.



Ces remarques sont touchantes et clairvoyantes.

"...Je représentais un danger pour les autres, mais personne ne voyait que j'étais la principale victime de ce vaste jeu de massacre.

Mes brusques accès de folie découragèrent les plus doux de mes agresseurs, mais pas les plus virulents, qui se mirent à m'asticoter pour provoquer mes explosions d'humeur.

Je ne supportais pas la force e destruction dont j'étais le porteur et que je ne maîtrisais pas.

Il fallait que quelque chose change. Mes oreilles ou moi.

J'ai finalement décidé que ça serait elles...".



Yohan leur a même donné un nom à chacune, chou-fleur et chou rouge, quitte à ne pas être capable de les ignorer.

Le roman d'Eric Sanvoisin est poignant.



Le jeune personnage s'accroche pour sa propre sanité à toutes les opportunités qui peuvent changer la donne, se faire conseiller par exemple par un médecin pour une opération des oreilles, s'entretenir d'un recollement auprès des parents responsables, présenter ses excuses à son dernier titilleur après avoir fait pleuvoir sur lui une armada de coups..

Les choses ne se font pas sans émotions fortes, sans une intense volonté de convaincre.

Difficile d'ouvrir enfin ses journées et son coeur à des parents décontenancés, mais cela sera ces oreilles ou lui.



L'auteur démontre bien comment cette situation est compliquée pour les parents de Yohan, de réfléchir à une opération pour un détail héréditaire, compliquer de corriger ce complexe infantile sans que cela renvoie une culpabilité dérangeante

Yohan arrivera t-il à se faire entendre (désolé du mauvais jeu de mots)?

De Jonathan certainement.

Son nez et le reste vont mieux et sur le chemin de l'école, les collégiens s'excusent, échangent leur version des faits, Yohan a enfin le vrai fin mot de l'histoire.

Yohan jubile de s'être rapproché de Jonathan et comme le dit justement ce dernier: "A deux, on est plus fort".



Fort heureusement, l'intrigue promet des directions constructives, très positives pour ces cas de figures, c'est intense et surtout le cas bien étudié.

Il y a de la justesse, on le sent, on le ressent, Eric Sanvoisin n'en fait pas de trop pour attirer notre attention et nous émouvoir, c'est juste bien ficelé et bien construit.

Nos ados, ces petits héros.
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