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07 janvier 2017
Bienvenue dans l'enfer sous tes pas

De 06h47 à 23h15… Une journée, une course à la vie, une ruée contre la vie, les mots bousculés, deux personnes, Nadia et Arnaud, tantôt l'un-e, tantôt l'autre. « le monde dans lequel je vis aujourd'hui ne me pousse pas trop à avoir de grands sursauts de dignité, mais il me reste parfois des éclairs d'amour propre. Je me dis que tant qu'il y a de la honte, il y a de l'espoir ».

Je ne connais rien aux univers de la drogue. La lecture du petit passage, reproduit au début de cette note, m'a suffit pour entrer dans le flot, suivre les recherches, les assouvissements toujours à recommencer, l'écoulement des phrases. Vingt quatre heures, c'est si court ou si long…

Charleroi, les mondes de l'autre coté, le coté que nous ne voulons pas voir de ce monde, l'odeur d'un squat, « Aucune image, aucun film ne peut exprimer cette fragrance viciée, putride, dont chaque élément sera identifié par le nez le moins délicat : cuivre du sang, moisissure de poutre, urine humaine ou animale, fèces de diverses époques qui tapissent sols et murs, suintements d'ammoniaque, brumes de transpiration, exhalaisons de corps abandonnés à la drogue et retrouvés trop longtemps après leur décès, le tout se mélange mais jamais ne s'assemble vraiment ».

Deux personnes, des associé-e-s de déglingue, une course à l'héro « la seule chose qui est bonne , c'est d'en avoir », l'horloge biologique du tox, l'instant de cristal, celles et ceux qui ont perdu la capacité de rêver, la misère comme business, la fragmentation du temps, « les soldats en première ligne et les héroïnomanes en manque sont tous croyants ». Mais cela n'est pas le paradis artificiel chanté par le poète…

Les flics, les euros, les autres produits, se piquer, la violence, le danger et le si bon, hier et aujourd'hui, une gueule de merde, nous sommes des milliers, « Nous sommes des milliers ici, toxicos, alcoolos, dingos, illégaux, paumés, fuyards, à vivre sous terre comme des cloportes sous une pierre et les gens de la vie normale ont une idée de notre existence mais ils imaginent pas vraiment », la coke et le nez comme une lampe d'Aladin, « ils avaient 20 ans, j'en avais 1000 », le cinéma et ses représentions, « dans la vraie vie, les délinquants dénoncent tous ceux qu'ils peuvent pour sauver leur peau », les hyènes et la viande pourrie des mort-e-s vivant-e-s de notre société, fouiller les poubelles, un autre sentiment de la dignité et de l'être, « Petit à petit, l'héroïne a érodé toutes mes peaux sociales, le savoir-vivre ne sert plus qu'à trouver mon prochain fix et tout ce en quoi j'ai pu croire a été littéralement épluché de mon cerveau comme les mille couches des jupons d'autrefois », les viols, la prostitution, la cervelle ouatée…

Le rythme des phrases et les soubresauts des vies, la tension des mots et le retranchement des instants, des situations (certaines moins pertinentes, me semble-t-il) et le temps qui ne passe pas. Il ne faut pas se fier à cette horloge mécanique qui fixe les heures. « j'ai l'impression de courir au milieu d'un champ de mines pendant qu'un sniper me tire dessus », le déluge de pure haine, money money money, le croupissement dans la réalité…

L'idée de la désintoxication. Arnaud. Nadia.

Une journée comme une vie trépignante et si vide. La folle course des mots contre le temps, « je cours plus vite pour aller nulle part ».

Lien : https://entreleslignesentrel..
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