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Critique de Babzer


Un jeune auteur africain part à la recherche d'un énigmatique « Rimbaud nègre », Elimane, dont le livre mythique « le labyrinthe de l'inhumain » lui a valu aussi rapidement les honneurs et la consécration que l'anathème du milieu littéraire.

On suit dans ce récit homérique jeune Diégane, qui se cherche une âme littéraire après quelques livres parus sans grand esbroufe. On pénètre dans les doutes et les questionnements de cet homme d'origine sénégalaise qui cherche à réussir en France par le biais de la littérature. Comme le fit en son temps Elimane, l'auteur du labyrinthe de l'inhumain.

Cette quête initiatique nous balade à travers le monde et nous pourchassons avec Diégane 60 ans d'histoire, de mémoire et de souvenirs, passant tour à tour par la Shoah, le colonialisme, les cafés parisiens, Dakar, l'Amérique du sud, la guerre, le mysticisme et le sexe, comme trait d'union a beaucoup de ses interrogations. On y croise des hommes et des femmes dont la quête semble inassouvie, qui cherchent entre les mots la raison de leur existence, qui attendent des mots plus qu'ils ne peuvent en donner. Cette quête d'Elimane n'est autre que la quête de la littérature et de son sens. Dans un style agréable bien que parfois sinueux, nous suivons la recherche de cette littérature absolue, cette oeuvre d'une vie, cette mémoire plus forte que tout.

Tiraillé entre ses désirs de vie et de jouissance, l'esprit trop formaté par une littérature dont il se demande si elle est encore son alliée, mais mue par l'intime conviction qu'elle peut sauver les hommes, Diégane poursuit ses recherches sans réserve. Car, après tout « Que restait-il ? La littérature ; il ne restait et ne resterait jamais que la littérature ; l'indécente littérature, comme réponse, comme problème, comme foi, comme orgueil, comme vie. »

Un livre qui nous embarque assez facilement de par sa vitalité, la richesse de ses personnages et de ses péripéties, un goût de la phrase et de la formule qui peut parfois dérouter un lecteur non averti, mais, des réflexions profondes sur l'art littéraire et l'art de la vie - sont-ils intimement liés ? - qui aiguisent l'esprit et capte l'attention. Néanmoins, il reste un léger goût amer, comme une note de fond dont on n'arrive pas à deviner d'où elle provient, mais qui, pourtant, nous gratte au fond de la gorge. Une sensation étrange, comme si, au lieu de voir un film pour se faire son propre avis, on attendait de chacun des réalisateurs et acteurs qu'ils nous le décrivent. Comme si nous étions ces éternels passagers qui n'ont jamais passé leur permis et se voient condamnés au siège de droite, le regard perdu dans le paysage. Oui, Mbougar Sarr nous embarque avec lui, à une allure parfois folle, mais on peut regretter ce petit quelque chose, ce grain de sel qui ferait que l'on passe pas du côté conducteur, que l'on s'immerge totalement dans la quête et les aventures de Diégane et qu'on ne termine pas son livre avec l'impression frustrante d'avoir passé toutes ces heures en spectateur.

Pour ne pas finir sur cette petite note négative qui ne regarde que moi, je conseille à qui aime l'écriture et la littérature de se lancer dans ce roman. La plume énergique de l'auteur saura vous faire voyager et vous transporter vers des horizons lointains où se côtoient tour à tour la grâce et la désillusion, dans une danse épileptique d'hommes et de femmes entre vie et mort, entre littérature et oubli.
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