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Critique de Colchik


Comment un jeune médecin, radié de l'Ordre pour euthanasie, peut-il gagner sa vie ? Il serait tentant pour Duca Lamberti d'accepter l'argent et l'aide que lui propose Silvano Solvere, l'ami d'une jeune femme qui voudrait faire recoudre son hymen avant son mariage avec un boucher ombrageux. L'opération lui répugne, mais a-t-il les moyens de résister à cette offre tentante ? Plein de scrupules et soupçonneux à l'égard de celui qui lui demande ce service, il décide de demander conseil à Carrua, le policier, ami de longue date de la famille. Contre son avis, Duca décide d'accepter l'intervention dans le seul but de s'informer sur les individus que fréquente la jeune femme. Cette dernière laisse dans l'appartement du médecin une mystérieuse valise qui devient l'enjeu des convoitises du milieu quand Silvano Solvere et sa maîtresse sont assassinés au cours d'un trajet en voiture.
Scerbanenco montre, dans cet ouvrage, l'entrée encore officieuse de Duca Lamberti dans la police milanaise. Nous retrouvons ce ton si particulier qui est sa marque de fabrique, fait de pessimisme sur la nature humaine et de compassion pour les victimes. L'histoire est sombre, les personnages sont comme habités par une fatalité qui les conduit au vice ou au crime et Duca, comme les autres, possède sa part d'ombre et de violence. Sur fond de trafic d'armes entre la France et l'Italie, nous découvrons un pays qui vit encore avec les séquelles de la seconde guerre mondiale, où les organisations criminelles se reconstruisent sur le terreau du marché noir, de la trahison et de la collaboration. Chez Scerbanenco, personne n'échappe à la lèpre du crime, jeunes comme vieux, hommes comme femmes, et Suzanna Paany, la jeune Américaine qui a vengé son père livré aux Allemands par des faux résistants, fait exception en venant se livrer aux autorités après ses deux meurtres. Car le mal s'attaque aussi aux innocents et Duca ne l'oublie pas en regardant le visage abîmé de Livia Ussaro qui, malgré les efforts des chirurgiens d'une clinique privée, porte toujours les cicatrices des entailles infligées par un sadique.
L'Italie de Scerbanenco n'est ni joyeuse ni superficielle. Son Milan est souvent baigné de brumes ou écrasé par la chaleur. La tristesse se lit sur les visages fatigués et les vies brisées sont le lot commun des mortels. Mais la droiture, la loyauté, l'amour de la famille sont encore les seules forces qui restent à l'homme pour échapper à la gangue de la corruption et du profit, en tout cas, ce sont les seules ressources qui restent à Duca Lamberti pour affronter une existence où l'injustice le dispute au lâche abandon.
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