AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tandarica


J'ai lu ces deux brefs textes, animé(e) par une immense curiosité est convaincu(e) de devoir surmonter quelques difficultés de jargon sociologique. J'y ai au contraire glané de nombreux éclaircissements voire des définitions telles que celle du sociologue "un scientifique qui observe de manière désintéressée le monde social" ou bien celle du "modèle culturel de la vie d'un groupe : toutes les valeurs, institutions, systèmes d'orientation et de conduite particuliers (comme le folklore, les moeurs, les lois, les habitudes, les coutumes, les étiquettes, les modes) qui, selon l'opinion commune des sociologues actuels, caractérisent – si ce n'est constituent – chaque groupe social à un moment donné de son histoire." C'est au fond l'élément de stabilité, la familiarité du quotidien, de notre environnement que nous jugeons plus ou moins sécurisés. L'étranger introduit la différence dans un groupe mais au prix, pour lui-même, de la perte de cette familiarité au monde. C'est ce que relève l'auteur : "le modèle culturel ne fonctionne plus comme un système de recettes éprouvées à notre disposition ; cela montre que son applicabilité se limite en fait à une situation historique spécifique. [...] L'étranger, lui, de par sa situation de crise (du point de vue du nouveau groupe, l'étranger est toujours un homme sans histoire) personnelle, ne partage pas [c]es présupposés de base.[...] Il devient essentiellement l'homme qui doit remettre en question à peu près tout ce qui semble aller de soi aux membres du groupe qu'il aborde."
J'ai beaucoup apprécié la conclusion énoncée avec clarté : "L'adaptation du nouveau venu à ce groupe qui pouvait lui sembler à première vue étrange et inhabituel est un continuel processus d'enquête au sein du modèle culturel du nouveau groupe." En quête donc, d'une place qui serait sienne, l'étranger demeure donc l'objet de toutes les enquêtes (sociale, de police, de proximité, de moralité, fiscale). Seule la réussite de ce processus conduit à l'exercice de la fonction protectrice du groupe sur l'étranger. "Mais alors l'étranger ne sera plus vraiment un étranger et ses problèmes spécifiques auront été résolus." Utopie de l'intégration ? Au bout de sa quête, l'étranger deviendrait ainsi lui-même enquêteur.
Le second texte (L'homme qui rentre au pays) s'ouvre sur l'exemple d'Ulysse, le plus fameux retour au pays de la littérature mondiale. "Malheur ! Où ai-je à présent atterri !" Prenant comme point de départ cette opinion que "l'étranger qui migre doit anticiper ce qui l'attend avec peu ou pas d'éléments de départ ; l'homme qui rentre au pays n'a, lui, qu'à puiser dans ses souvenirs passés, l'auteur va démontrer que le pays natal constitue aussi bien un point de départ que d'arrivée (Le Terminus paradis?). Néanmoins, du fait de "l'irréversibilité de la temporalité interne", "celui qui rentre au pays n'est plus le même homme que celui qui en est parti." Il a "goûté le fruit magique de l'étrangeté, qu'il soit doux ou amer" et par conséquent "l'homme qui rentre au pays et celui qui l'accueille auront tous deux besoin de l'aide d'un Mentor" pour "les instruire des choses." L'exemple développé est celui du soldat de retour de la guerre. Ce serait donc que là le paradoxe de l'étranger itinérant devenu citoyen du monde et de nulle part, nouvel arrivant chez les autres, plus tout à fait des "nôtres" quand il retourne chez les siens.
Commenter  J’apprécie          141



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}