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13 novembre 2012
La mélancolie se fonde sur le fantasme d'un « home » qui n'a jamais vraiment existé

Joan W. Scott indique, entre autres, en avant-propos à la réédition de ses textes « Ils montrent également comment et pourquoi j'ai constamment cherché à identifier et à mettre en oeuvre des méthodes et des moyens plus nombreux et efficaces pour analyser les rapports de force de sexes (en français dans le texte) tels qu'ils apparaissent dans leurs représentations changeantes à travers le temps ». Elle ajoute avoir infléchi sa pensée par la prise en compte de la psychanalyse « comme une façon de mettre au jour les ruptures et les contradictions, d'explorer les significations ambiguës qui finissent par se loger dans les problèmes insolubles et les interrogations sans réponse ». L'auteure souligne « le caractère insaisissable de la différence des sexes rend celle-ci à la fois impossible à préciser définitivement et, pour cette raison, historique ».

Sommaire :

Le genre : une catégorie utile d'analyse historique (1986)
Les femmes dans La formation de la classe ouvrière anglaise (1988)
Quelques autres réflexions sur le genre et la politique (1999)
Sécularité ou sexularité ? La laïcité et l'égalité des sexes (2010)
La séduction, une théorie française (2011)
Conclusion : le « lourd passé » du féminisme (2004)

N'ayant pas les compétences requises, je ne parlerais pas des références de l'auteure aux théories de Jacques Lacan. Cependant l'usage que Joan W. Scott fait de la psychanalyse (très critique d'une psychanalyse a-historique et réactionnaire) et en particulier de la place du fantasme me semble adéquat à son travail sur l'insaisissable ou l'ambiguë. Il conforte, en questionnant des angles morts, ses analyses plus directement historiques, « nous nous ouvrons à l'histoire, à l'idée (et à la possibilité) que les choses ont été et seront différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui ».

L'auteure critique particulièrement les théories qui tendent « à universaliser les catégories et les relations entre hommes et femmes ». Contre l'usage « habituel » de notions, elle revendique l'interrogation permanente et la situation dans l'histoire. Elle traque « la femme » comme catégorie an-historique, et elle en dénonce l'essentialisation.

En 1986, Joan W. Scott proposait une définition du genre en deux parties reliées entre elles mais distinctes pour l'analyse « le genre est un élément constitutif des relations sociales fondé sur les différences perçues entre les sexes, et le genre est une façon première de signifier les rapports de pouvoir ».

Son analyse critique du livre de E. P. Thompson, ne s'arrête pas à l'oubli du travail des femmes par cet auteur, elle souligne « le caractère masculin des concepts généraux » et elle discute de la formation historique de la « classe » et la « tradition qui préconisait l'égalité, mais ne reconnaissait pas ses propres utilisations de la différence ».

Au delà des quelques points évoqués, cet ouvrage, comme les précédents de l'auteure est une formidable incitation à penser les relations sociales, les catégories qui nous servent à les exprimer, le système de genre, le faux universalisme masculin, la réduction de la modernité à l'occident. Sans oublier les questionnements liant égalité et « différence ». Les lectures de « Sécularité ou sexularité ? La laïcité et l'égalité des sexes » et de « La séduction, une théorie française » éclairent lumineusement certains débats franco-français, la paresse intellectuelle de certain-ne-s qui font de l'histoire « nationale » une essence, de la laïcité ou de la religion des réalités lisses sans histoire, qui « semblent » oublier les rapports de pouvoir, l'inégalité sociale et politique ici et maintenant…

« Il n'existe pas de moyen de résoudre l'ambiguïté du rapport de l'imagination à la réalité »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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