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Critique de babounette


Jans va mourir de Anna Seghers - lu en mars 2019.
Traduit de l'allemand dont le titre est Jans muss sterben.
C'est Kielosa qui m'a donné l'envie de lire ce livre.
Le titre en français est Jans va mourir, en allemand, Jans muss sterben, qui veut dire en français Jans doit mourir, ce qui est bien différent (vu sur Google traduction) je ne parle pas l'allemand. Je vous dirai pourquoi je préfère le titre en allemand.
Jans est un petit garçon de 7 ans, fils de Martin et Marie Jansen, un gamin comme beaucoup, riant, espiègle, écolier normal. Ils vivent dans une unique pièce. Marie et Martin sont un couple à la dérive, , ils se supportent tout au plus. C'est Marie surtout qui ne supporte plus son mari. Quand Jans est né, Marie s'est consacrée totalement à son fils - "Jansen fut tout décontenancé par cette Marie étrangère, à la voix changée et dont les traits se perdaient dans le vague. Et Marie fut presque soulagée lorsque enfin il se mit vraiment à aller son chemin et à boire et qu'elle eut une raison palpable au mépris qu'elle éprouvait" (page 13) - Marie tient son mari à l'écart de Jans. Depuis, Martin s'éloigne de son fils, non qu'il ne l'aime pas, mais il est gêné et n'ose pas s'en occuper, Marie étant une mère exclusive. Un jour comme un autre, Jans tombe, tout tourne autour de lui, il n'a plus d'appétit, le médecin vient mais ne décèle rien de grave. Cet à partir de ce moment que le père de Jans sait, il sait qu'il va mourir, il le sent au fond de lui, et quand Jans doit garder le lit, furtivement, en cachette de sa femme, il se permet des gestes et des regards de tendresse envers Jans. le petit garçon décline de jour en jour, il crache du sang, cela met du temps, avec une période de rémission où Jans retourne dehors, reprend l'école mais où il ne fait plus rien, il est trop faible.
Les parents se rapprochent lors de cette maladie de Jans, ils se remettent en question, et Marie attend un autre enfant. Jans passe alors au second plan, lui qui n'avait eu que quelques gestes de tendresse de son père, le voit câliner la petite Anna, s'en occuper, jouer avec elle, sa mère aussi le délaisse "Non, Jans ne cherchait plus à saisir au vol le regard de son père. Au contraire, il faisait tout pour l'esquiver" page 43) , il n'y en a plus que pour la petite.
Jans finit par mourir.
Le titre "Jans doit mourir" en allemand prend tout son sens. Dans l'esprit du père dont il est question durant tout le livre, Jans était mort
depuis le début de sa maladie, il devait mourir, dans sa tête, c'était inéluctable "Parfois un voisin demandait dans le couloir, ou bien un collègue au travail : Eh bien, il est malade ton Jans ? - Oui, il est malade, répondait Jansen. - Il s'en tirera, disait l'autre. - Non, rétorquait Jansen, je ne crois pas qu'il s'en sortira." (page 31). Pourtant ce père aimait son fils, sa mort lui a causé un immense chagrin, mais il y avait la petite Anna. Au début, Marie et Martin allaient au cimetière tous les dimanche, puis seulement les jours fériés.
Une histoire triste, mais aussi avec des descriptions poétiques, une écriture sensible, l'histoire d'un simple ouvrier, se tenant en retrait, incapable de faire face à sa femme et d'être un vrai père pour son fils. Il ne découvrira la vraie paternité qu'à la naissance de sa fille où là, Marie L encourage à s'occuper de la petite. Finalement, c'est un drame pour cet homme pas méchant mais
englué dans sa faiblesse.
Encore merci Kielosa pour cette découverte.



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