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Critique de JeanPierreV


Les élus, ce sont ces enfants, présentant des handicaps physiques, intellectuels qui furent écartés, éliminés par le régime Nazi, afin de préserver la pureté de la race. Autant vous dire immédiatement qu'on ne sort pas indemne de cette longue descente dans le bas-fond de l'enfer.
Le cadre de l'histoire est le Spiegelgrund, hospice viennois, dans lequel les gamins sont isolés, dans des pavillons différents selon leur degré de handicap ou de dangerosité. Des gamins qui arrivent là placés par le régime quand ils sont petits délinquants ou placés par leurs parents dans l'espoir d'un traitement, d'une guérison. le Spiegelgrund est à la fois un "hôpital" et un centre de redressement, une maison de correction. Des parents qui ne pourront plus les voir, malgré leurs demandes répétées, malgré le siège de l'établissement, et des gamins qui les attendent
L'auteur nous permet de suivre quelques uns de ces gamins, dont Adrian, né d'un père gitan alcoolique et d'une mère qui ne s'occupe pas de ses enfants. Une gamin qui passera d'un bâtiment à l'autre au fil de ses incartades, de ses évasions...Un gamin qui nous raconte son histoire.
D'autres et ils sont nombreux ne pourront jamais raconter leur histoire. Euthanasiés à la demande de Berlin, ils seront autopsiés, leurs organes seront mis dans bocaux, afin de "faire progresser la science", des gamins "qu'il faut les considérer comme des sortes d'abcès vivants et le «traitement» prescrit par Berlin, n'est qu'une simple mesure hygiénique, un processus de désinfection naturelle." Tous subiront des violences s'ils mouillent le lit.
On se lie d'affection avec ces gamins, attachés, enfermés, sujets d'expériences médicales, punis par des injections de souffre...et j'en passe.
Rien de cela n'aurait pu se faire sans ces médecins, sans ces infirmières, qui obéissaient à des ordres, en toute bonne conscience pour le bien de la race ...Ainsi à l'issue de la guerre, ils ont pu dire :"On obéissait à des ordres", ou "Je ne savais pas". Certains ont pu même exercer, donner des conférences jusqu'à la fin de leur vie
Ecrit comme un reportage, "Les élus" est un roman mettant en scène des personnages imaginaires, des enfants handicapés et du personnel médical, synthèse de ces bourreaux jugés, emprisonnés ou exécutés et parfois non inquiétés à la l'issue de la Guerre. le livre nous permet de les suivre depuis 1941, jusqu'à l'arrivée des russes ou des américains....et même après. Des gamins devenus des hommes, mal dans leur peau, dont la réinsertion sera difficile, dont on prendre toujours en compte les emprisonnements passés
Livre révoltant, du fait des traitements subis par ces gamins sur ordre du régime, mais aussi parce qu'aucun médecin ou infirmière n'a refusé ces gestes de violence et de mort; révoltant du fait du système de défense adopté devant les tribunaux à l'issue de la guerre, par ces médecins et infirmières de l'horreur - se déclarant non coupables - révoltant parce que devant le nombre de ces salauds, certains ont pu passer au travers des mailles de la justice, devenir des personnalités reconnues...qui ont malgré tout pris comme vérité les conclusions de leurs anciens collègues nazis, une fois la guerre terminée.
"Les élus" a obtenu le Prix Médicis Etranger 2016. Un prix mérité.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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