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Critique de Delphine-Olympe


Vous n'aviez jamais entendu parler de ce roman ? Moi non plus !
Auteur inconnu et petite maison d'édition, la combinaison imparable pour qu'un livre tout juste né sombre aussitôt dans les méandres de l'oubli... Mais mon libraire - L'Arbre à lettres Bastille, pour ne pas le nommer - a l'excellente habitude de glisser parmi les nouveautés en vue des publications nettement plus confidentielles...
C'est ainsi qu'entre les multiples tentations qui me mettent constamment à l'épreuve, j'ai repéré ce roman dont la couverture m'a immédiatement tapé dans l'oeil. Un titre poétique, une typo ayant du caractère, une illustration sobre et évocatrice, le tout ponctué d'un séduisant logo, elle avait tout pour m'attirer dans ses filets... Et il aura suffi, sur la quatrième, de l'une de ces formules définitives dont les éditeurs ont le secret pour me porter l'estocade finale. Tourneriez-vous le dos, vous, à un «roman magistral sur la mémoire, l'imagination et le pouvoir des livres» ?

Une chose est sûre, c'est que l'illustration de couverture reflète parfaitement l'atmosphère étrange et inquiétante qui règne dans ce roman. Quelque chose d'absurde et d'impalpable, d'écrasant et d'insaisissable.
Même si cela n'est pas dit d'emblée de manière explicite, on est dans l'Argentine des années 70 et 80, celle de la dictature. Rodolfo, le héros et narrateur du livre, semble très isolé et vit dans des conditions précaires. Lorsqu'on lui propose de vendre ses rêves à un homme prétendant en avoir besoin pour fournir de la matière à son psychanalyste, il y voit une manière - certes déconcertante - de gagner un peu d'argent.
Mais l'arbitraire et l'irrationnel régnant en maîtres, les frontières entre le rêve et le réel ont une fâcheuse tendance à se brouiller. Les rêves, où les pensées les plus libres retrouvent droit de cité, deviennent alors une arme potentielle, étant le seul lieu où la tyrannie ne peut s'exercer. Une organisation secrète se charge donc de les collecter et de les faire circuler, notamment en les inscrivant en marge des pages des livres. Les lecteurs deviennent ainsi partie prenante des textes qu'ils tiennent entre leurs mains. Rêves et livres - ces deux espaces de résistance - sont alors les instruments de la chute des oppresseurs.

Dire que j'ai été complètement conquise par cette fable serait sans doute excessif, car j'avoue m'être sentie parfois un peu décontenancée. Mais on peut penser que telle était l'ambition de l'auteur, chercher à plonger son lecteur dans ce climat de désarroi, de perplexité et d'angoisse dans lequel une dictature installe un peuple.
Dans ce cas, pari réussi !

Lien : https://delphine-olympe.blog..
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