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Critique de ondelune


Sortie de cette première lecture dont tout le monde me disait tant de bien, j'avoue m'être prise plusieurs claques avec cette frustration finale qui m'amènera à lire le second tome. On sent bien que toutes les pièces du puzzle se mettent en place, on devine d'ores et déjà l'effroyable reliant plusieurs personnages dans une trame, tissée de fil en fil, entre flashback et temps présent à laquelle on devient accro.

Point de fioriture, c'est viscéral et violent qu'on soit confronté à Pierre, flic et veuf de son état avec une fille de vingt ans. Un Pierre qui apprécie sa petite vie tranquille et bien rangée, sans ne jamais rien avoir à redire à rien tout en aimant beaucoup trop « sa job » permettant d'occulter le reste, mais qui se retrouve au centre d'une affaire complexe, d'une machination qu'on sent terrible et dont on devine d'ores et déjà les tenants et aboutissants – ou qu'on rencontre Maxime Lavoie le milliardaire atypique, créateur et présentateur d'une émission de téléréalité prompte à abrutir la masse puisque plébiscitée par le public en exhibant une sinistre fange, dans laquelle la majorité s'étant vue exaucer un rêve (souvent pathétique), en sortira blessée et bien plus malheureuse encore. Pourtant, les apparences peuvent s'avérer trompeuses car étant jeune, l'homme était pétri d'idéalisme, d'utopie en espérant niveler le monde vers le haut. Naïf et impuissant ? Il le fut, mais ses facettes nous sont dévoilées sous un jour nouveau qu'on s'en désolerait presque. Ce qui semble l'amener vers des chemins tortueux que n'a pas manqué Frédéric Ferland qui, en psy désaxé, a basculé dans tous les travers les plus inavouables pour rechercher égoïstement ce sentiment de jouissance ultime avec cette impression durable d'être véritablement en vie. Peu importe le flacon tant qu'il y a l'ivresse ?

Sur fond d'une société contemporaine individualiste – dans laquelle se démènent ou s'empêtrent les moutons, même les plus éclairés - décrite sans masque ni faux semblant, le lecteur est embrigadé dans cette toile dépeinte avec cynisme, hélas reflet de la réalité. Le quotidien est laid, de la plus haute à la plus basse échelle. Des tas de petites vies au final remplies de ces vides intérieurs, et c'est là que résident la flamboyance et la force de cet auteur en nous mettant face à la vérité crue et nue. Face à toutes les déviances du monde actuel dont finalement, nous nous faisons à la fois complices et spectateurs tout en nous décrivant ces trois personnages. Ces derniers n'étant, au final, que trois parcelles vivotant en chacun d'entre nous. Celui qui a fermé et ferme encore les yeux trop souvent en se contentant d'une existence la plus simple possible même dans les pires moments alors qu'il aurait dû/ devrait dire ou faire sans jamais ne rien oser, celui qui veut changer les choses quel que soit le moyen, et celui qui cherche désespérément un véritable sens à sa vie.

Après tout, entre vie et vide, tout ne se joue qu'à une lettre près.
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