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Critique de Tostaky0


L'âme au bord des cheveux, titre énigmatique auquel on peut trouver une certaine poésie, mais qui, en langue Khmère, signifie "mort de peur".
Tout de suite, la sensation n'est plus la même.
Que sait-on de la peur quand on n'a pas vécu d'événements dramatiques ?
Dans ce magnifique album, Séra, nous décrit celle qui le hante depuis le 17 avril 1975.
Le jour où sa vie, celle de ses parents, de sa famille et de nombreuses autres, basculent.
La chute de Phnom Penh.
Le Cambodge à feu et à sang.
Lui, échappera à la conscription, évitant l'incorporation dans l'armée khmère, grâce un passeport français qu'il doit autant à la nationalité de sa mère qu'à la chance du dernier espoir.
Personne ne sort indemne d'une guerre, qui plus est, fratricide.
Cet album est un cri.
Sorte d'exorcisme, que l'auteur s'impose, par devoir de mémoire ou pour tenter de se soulager de ce poids qui l'opprime depuis son adolescence.
Tout s'est passé si vite, personne n'y croyait, c'était impensable.
Un mauvais rêve qui dure depuis plus de 45 ans pour l'artiste qu'il est devenu.
Serait-il le même homme s'il n'y avait pas eu ce 17 avril ?
Séra nous offre son regard, sur l'événement, ceux qui l'ont fait et sur la géopolitique de l'époque.
Il pointe d'un doigt accusateur, les belligérants et la complicité, drapée d'hypocrisie, de pays comme les États-Unis ou la France.
Il montre toute la violence de ces jours de folie qui virent le Cambodge sombrer dans le chaos.
On comprend ses blessures.
Séra, enfant de la France et enfant du Cambodge, peut-être plus encore.
Parce que c'est là que sont ses racines, c'est là que repose son père et que ce sont les souvenirs de ce pays qui le hantent.
Un vrai coup de coeur pour cet album, humain, puissant et émouvant.
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