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Critique de afriqueah


Jean Louis, frère de JJSS, avait écrit en 1978 « A mi-vie », dans lequel il posait des questions sur le temps, la famille, le couple et autres sujets comme la politique, le travail, la mort et l'avenir. Il se réédite lui-même et apporte son point de vue forcément différent 40 ans après. Je ne vais bien entendu pas résumer tous les chapitres de ce livre, mais vais me contenter de quelques notes.
Dans l'enfance, le temps parait infini, et vers 30/ 32 ans un changement s'opère. C'est une sorte de puberté de l'âme, dit JLSS « nous nous apercevons que notre compte en banque temporel est limité, sans savoir pour quel montant. » Ceci me parle, car je souviens m'être mise en cause à l'âge de 32 ans, me demandant si mes rêves de jeunesse avaient été accomplis, et la réponse était non. Une remise en cause totale avait suivi, la prise de conscience d'avoir à agir, à ne pas laisser le temps passer, à changer.
Le problème de Jean Louis le quadra n'est pas, lui, de n'avoir pas assez fait, au contraire, il est de planifier et d'organiser ses activités professionnelles (gestion de grands journaux) et sa vie avec ses enfants. L'octogénaire ne travaille plus, il sait qu'il va bientôt mourir, il s'agit de vivre ce peu de temps qui reste, le déguster, au lieu de le gérer comme il le faisait à 40 ans. Donc vivre au présent, ne plus se projeter, trouver la saveur d'exister.
Pensée moderne en 1978 : la responsabilité collective de la planète ; personne ne peut se laver les mains des bavures du système. Pour que les journaux sortent, il faut déboiser des forêts. Courageuse reconnaissance de l'ambiguïté du système, de la part du créateur de « l'expansion » et de différents journaux. de même, les consommateurs favorisent sans le savoir ni le vouloir des multinationales distribuant des pots de vin aux dictateurs du tiers monde.
Autre modernité : Lorsque sa femme Claude après un voyage aux USA est devenue féministe militante, il s'est amusé de constater que pour ses collègues, c'aurait été catastrophique par la mise en cause que cela impliquait, ils auraient préféré un contrôle fiscal ! et l'homme de 80 ans fait le bilan de ce changement : avec sa première femme qui en a épousé une autre et sa seconde femme Perla, les petits enfants bénéficient de 3 grand mères, tout le mode gagne.
Le quadra parle de la distanciation, par exemple avec ses enfants, qu'il considère comme « de délicieux hôtes de passage avec il espère entretenir, toujours, une tendre amitié. On sait qu'une de ses filles, Florence, est psychologue pratiquant la PNL, formée aux USA. Et qu'il a construit dans le Luberon des maisons où tous ses petits enfants se retrouvent.
Pour l'octogénaire, les déceptions, les disparitions, les ruptures professionnelles, accumulées au fil des années, paraissent avec le temps, providentielles, alors qu'elles étaient vécues comme catastrophiques. Car JJSS reconnait n'avoir pas connu de drame véritable, et que lui, l'ancien patron de presse dévoré par le temps, s'est dirigé vers la méditation et le développement personnel. D'où sa reprise du journal « Psychologies ».
Méditant sur la mort, il rappelle la mort de Kennedy, qui a été pour lui le révélateur de sa propre mort. Pas d'Au- delà salvateur, pourtant, qui pourrait donner un sens à la vie stable et sûr. Il s'agit d'accepter l'aléatoire, un jour, vivre parait futile, dit-il, un autre jour avec son ancrage dans le présent, une source de joie.
Ce livre de pensées avec la confrontation dans le temps (40/80) ne m'avait pas beaucoup intéressée à la première lecture. En écrivant sur lui, j'en ai découvert toutes les richesses. Et en particulier par la réponse à la question qui met souvent mal à l'aise : « savoir pourquoi on vit ». Réponse qui n'a pas beaucoup changé en 40 ans, pour l'auteur de 80 ans, bien que plein de changements soient intervenus dans le monde, dans son travail, dans sa vie de couple. L'essentiel n'a pas changé, les petits bonheurs ponctuant ses jours, et l'acceptation de la mort au bout du chemin « ma main sur la cuisse de ma femme, un échange de regards avec mon chien , un quatuor de Beethoven écouté les yeux fermés ». Bonheur, petits bonheurs. Et bonheur de lire ce livre.



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