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Critique de colimasson


Body World nous introduit dans un futur pas si lointain que ça, dans la petite ville de Boney Borough, aux Etats-Unis. Nouvellement créée suite à une guerre dont le lecteur ne saura pas grand-chose, ses habitants y vivent en huis-clos. Ils ne connaissent pas le monde extérieur et ils ne s'y intéressent pas. Leur monde quadrillé, dont le plan minutieux est fourni au début du livre, suffit à leur existence. Ici comme ailleurs, les choses évoluent en suivant un cours plutôt habituel. Les élèves étudient en classe, les professeurs dispensent leurs cours, les habitants font leurs courses, les voisins se fâchent entre eux, les histoires d'amour se font et se défont… jusqu'au jour où le Professeur Panther, en charge de la rédaction d'un article de « L'Encyclopédie des hallucinogènes américains », pénètre dans ce territoire inconnu aux multiples forêts pour étudier les effets hallucinogènes d'une plante mystérieuse.



L'introduction de cet élément étranger parmi les habitants de Boney Borough va provoquer quelques remous. Essayant sans succès de se lier avec une des professeurs du lycée, puis récupérant finalement une étudiante délaissée par son ancien petit ami, Panther fait figure d'esprit provocateur. Cette réputation prendra de plus en plus d'ampleur à mesure qu'il découvrira les effets de la nouvelle plante hallucinogène. Les effets de cette dernière, loin de rester confinés uniquement aux sensations de son consommateur, se propagent d'habitants en habitants à l'intérieur de Boney Borough. Elle connecte entre eux tous ceux qui la fument, mettant en place des liaisons directes de transfert de sensations, de sentiments ou de souvenirs.
Lorsque la forêt abritant ces plantes se met un jour à brûler, la confusion la plus totale s'abat sur Boney Borough.



Cette histoire de plantes hallucinogènes est un excellent prétexte pour mettre en place une histoire psychédélique à souhait. On sent que Dash Shaw s'y donne à coeur joie, et lorsque ses personnages sont submergés par les effets de la plante, les traits représentant leurs souvenirs se coupent et se recoupent dans une confusion floue et colorée digne du meilleur trip. Et même lorsque les plantes ne font pas encore leur effet, Dash Shaw plonge son lecteur dans une ambiance rétro-futuriste à l' « Orange Mécanique » d'un grand esthétisme.



Les dialogues sont menés par un Professeur Panther cynique et aigri à souhait qui vient réveiller les esprits un peu endormis des habitants de Boney Borough. Les situations sont souvent périlleuses et Panther en prend pour son grade jusqu'à la fin de l'album. Rebondissant par son humour à chaque nouveau coup du sort, il confère à Body World un caractère de dérision qui tend souvent vers la cruauté.



Les autres personnages, bien que moins charismatiques, sont toutefois marqués par des personnalités très fortes. Sur plus de 200 pages, on a le temps de s'attacher à cette petite ville retirée, explicitement comparée à une fourmilière dans les cours dispensés au lycée. Mais lorsque la fourmilière flambe et que les esprits se rencontrent, l'histoire court au désastre. Et pour expliquer cela, Dash Shaw nous propose une raison simple :

« Toute une ville contaminée par un virus « télépathique », ça doit donner un esprit de ruche malsain ou une orgie déplaisante, vraiment dégueu, pasque quand on y pense, la majorité de la population est laide. »
Lien : http://colimasson.over-blog...
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