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Critique de Moglug


Moglug
16 septembre 2017
Nisa : une vie de femme rapporte le témoignage d'une femme de la tribu !Kung, une communauté de chasseurs-cueilleurs ayant vécu sur le territoire de l'actuel Botswana. le récit date des années 70 et a été publié pour la première fois en 1981.
L'éditeur n'hésite pas à laisser entendre sur la quatrième de couverture de la version de poche qu'il s'agit d'un récit anthropologique. C'est sans doute aller un peu vite en besogne. J'ai pour ma part été assez déçue par la qualité scientifique et le manque d'objectivité du propos.
Marjorie Shostak a vécu 20 mois auprès du peuple !kung et a appris leur langue sur place, une langue à clics... Apprendre le mandarin ou le tamoul paraitrait presque un jeu d'enfant en comparaison. Elle s'est ensuite entretenue avec plusieurs femmes de la tribu en leur demandant « Enseignez-moi ce que c'est qu'être une femme !kung. » Dans son épilogue, l'auteur reconnaît elle-même les limites de sa question. Et pour cause, la vie de Nisa semble être d'avantage un compte-rendu des aventures sexuelles de la narratrice, qu'il s'agisse de sexualité infantile, de mariage, ou d'aventures extra-conjugales... L'auteur ne semble pas pour autant s'être attachée à réorienter le propos.
Plus ennuyeux encore, j'ai vraiment eu le sentiment tout au long de ma lecture que Marjorie Shostak avait retenu du récit de Nisa ce qu'elle avait bien voulu entendre : sexualité libre, vie en communauté, partage des biens, juste équilibre des temps de loisirs et de cueillette/chasse, équilibre dans les relations hommes/femmes, deuils vécus et acceptés avec sagesse, douleur (notamment celle de l'accouchement) à peine mentionnée, maladies guéries par des pratiques chamaniques.... La vie de Nisa paraîtrait presque idyllique et conforme aux idéaux hippies en vogue à cette époque s'il n'était un taux de mortalité infantile de 20%, des viols qui ne portent pas leur nom, des violences conjugales récurrentes dans le témoignage mais que l'on voudrait exceptionnelles. L'auteur a beau avouer a posteriori certains partis pris et limites du récit, ils n'en sont pas moins présents.
Aussi, Nisa : une vie de femme ne peut pas être sérieusement lu comme un livre d'anthropologie. Sur le plan littéraire, les longueurs et répétitions en font un témoignage assez ennuyeux.
Le projet avoué de Marjorie Shostak est de contribuer à définir la nature universelle des femmes. Cependant, pour ce faire, elle oriente le récit sur des éléments perçus dans la culture américaine comme relevant spécifiquement du domaine féminin. Ainsi, elle s'interroge sur les menstrues, la maternité, la sexualité, l'avortement, la nourriture... le deuil et les pratiques médicinales sont également abordées. Cependant, les femmes !kung n'accordent a priori pas autant d'importance à ces différents points. Il n'est pas dit non plus si ces femmes se sentent véritablement concernées par le fait d'être femme. de plus, les descriptions des différents événements relatés manquent de détails et sont finalement beaucoup trop générales pour dresser le tableau véritablement singulier de la vie de Nisa.
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