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Critique de frconstant


Une nouvelle découverte rendue possible par le Challenge NetGalley, France et la maison d'édition Stock. La maison d'édition ne disant rien à propos de ce titre et a biographie de l'auteur disponible restant rivée sur son domaine d'excellence, la critique théâtrale et la production d'émission à propos de cet art et de son histoire., le titre seul pouvait éveiller une curiosité, une envie de lire et de rentrer dans une nouvelle dimension, celle de la femme de Dieu. C'est avec plaisir que je me suis plongé dans cette version numérique offerte en lecture.

Critique de théâtre, réalisatrice et productrice d'émissions, de fictions et de magazines consacrés au Théâtre, Judith SIBONY disposait de tous les matériaux nécessaires à un bon roman traitant cet art de la scène et ses artistes que sont les auteurs, les metteurs en scène et les comédiens sans qui les choses ne seraient même pas ce qu'elles sont !

Et pourtant, "La femme de Dieu" ne tient pas ses promesses. Est-ce d'avoir voulu trop en faire ? Judith SIBONY décortique avec beaucoup de vérité le narcissisme des créateurs au théâtre. Tout puissant, le créateur dispose d'une telle adulation du public, de ses comédiens, des critiques que, même quand les jeux, les textes, les sujets ne sont pas aussi justes qu'ils veulent le paraître, personne n'ose souligner la faiblesse du Maître et chacun, dans son silence, reste dans sa zone de confort. La plume de Judith SIBONY dans ce registre, sans beaucoup d'humour, fait mouche.

Poussant l'analyse psychologique de ses personnages un cran au-delà, l'auteure va distiller le venin qui ronge toute personne voulant écrire et se sentant incapable d'être aussi bon que ce qu'elle lit par ailleurs. le créateur de théâtre, plutôt que d'écrire un texte à faire jouer par ses comédiens, va, sous la patte de Judith SIBONY, mettre ces gens du spectacle en situation de provocations, de rixes, de surenchères pour savoir qui brillera le mieux et puis, sans beaucoup de scrupules, l'auteur de théâtre va voler leurs propos, leurs phrases, leurs idées pour les couler en un texte dont il aura la paternité aux yeux du public. Avec, je le reconnais, une bonne dose d'auto-dérision sur le monde du Théâtre, tout cela est très bien décrit, raconté avec des mots justes et saupoudré de la variété des états d'âmes que de telles situations suscitent. Là, encore, bravo !

Mais, ajoutant encore une couche, Judith SIBONY va s'engouffrer dans une série de secrets, de mensonges, de demi-vérités, de fuyants et de faux-semblant pour plonger ses personnages de théâtre dans des vies privées qui relèvent tout autant, si pas plus, du factice des décors, du paraître, de la recherche éperdue de soi-même sous le couvert des faux liens et des silences lourds, lourds de conséquence. le théâtre n'est plus une parenthèse de la vie, il n'en est que le pauvre miroir, déformant pour sauver la face.

Et c'est là, à mon sens, que l'auteur perd quelque peu prise sur son sujet. Trop d'invraisemblances, trop de coup de théâtre, de portes ouvertes comme par enchantement sur des secrets, de portes fermées sur des coups de rage, de colère, de peur. Sans vouloir me justifier en révélant ici les ressorts qui font avancer l'histoire - ce qui serait contraire à ma vue de ce que doit être un billet d'humeur à propos de mes lectures - je n'ai pu que constater que, lecteur, je ne savais plus trop s'il me fallait suivre l'histoire du Créateur, le Dieu qui pourrait être déchu ou celle de sa maîtresse, celle de sa mère ou de son épouse qui, bien que déplacée hors de sa vie n'en reste pas moins sa femme, la femme de Dieu qui a toujours un rôle à jouer dans ses pièces et un rôle plus important encore dans la destinée de ce Dieu du spectacle. Et c'est sans même parler de l'intérêt que peut susciter un personnage attachant, la fille de ce couple qui admire ses parents, déteste tout dans la vie, porte en elle un enfant et se cherche enfin...

Malheureusement, on atterrit dans des clichés, des artéfacts de théâtre, des situations à ne plus croire. Plus rien ne nous fait rêver.

Ce roman sur le théâtre, ses créations, ses magouilles et le regard qu'il jette sur la vraie vie et qu'il puise en elle était l'occasion de faire éclater un feu d'artifices de réflexions. Avec le bruit gênant des pétards qui donne envie de se boucher les oreilles et le panel merveilleux des éclats de lumière qui ouvrent nos coeurs à une vie de paillettes, de rêve et de fête. le pétard était mouillé de trop d'intentions peut-être... Là réside le problème.
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