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Critique de Isacom


Isacom
14 septembre 2023
Si vous voulez de l'érudition sur Rome, lisez Mommsen.
Si vous souhaitez plutôt un roman historique haut de gamme, lisez Sienkiewicz.
De l'érudition il y en a aussi, dans Quo vadis : nous sommes sous le règne de Néron, on est plongé dans les intrigues de palais et on se promène à loisir dans les quartiers de la ville.
Une intrigue imaginaire est intimement mêlée aux évènements historiques réels : Vinicius, un jeune aristocrate, tombe amoureux de Lygie mais au lieu de chercher à l'épouser, il la fait enlever pour se la faire livrer. Et ça tourne mal : car la jeune fille fait partie des premiers chrétiens. Et à la suite de l'incendie de Rome, les persécutions contre eux commencent…
Tout le cadre historique est splendidement reconstitué, que ce soit la vie mondaine des patriciens ou la vie clandestine des chrétiens, les décors, l'atmosphère. La description de l'incendie de Rome est un véritable morceau de bravoure.
De nombreux personnages émaillent le récit, mais ils sont suffisamment incarnés pour prendre corps sous nos yeux : Sienkiewicz n'est pas tendre avec Néron et Poppée, il est bien plus indulgent avec le poète Pétrone, et parmi les chrétiens il boutonne Pierre avec Paul.
Les personnages imaginaires sont tout aussi intéressants, notamment le retors Chilon, particulièrement réussi dans son rôle de traître : "Il y a beaucoup de méchantes gens de par le monde, seigneur, qui sont incapables d'apprécier les bienfaits de votre clémente domination, et de ces justes lois en vertu desquelles vous prenez tout à tous pour vous l'approprier !"
J'ai pourtant regretté la faiblesse de l'intrigue "amoureuse". Vinicius est particulièrement imbuvable : "Je vais te faire donner trois cents coups de verge dans mon ergastule (…) L'ordre qu'il venait de donner l'avait excité et ranimé."
On se demande ce que Lygie peut bien lui trouver d'aimable. de même, à part le fait d'être belle, Lygie n'a rien pour elle - elle ouvre à peine la bouche durant tout le roman.
Et puis ces revirements religieux, ces conversions miraculeuses, ces apôtres charismatiques, c'est un peu trop didactique pour appuyer solidement le récit : "L'habileté de ces gens à gagner des adeptes est stupéfiante. Et comme cette secte se répand !"
Finalement, c'est l'humanité et l'humour de Pétrone, "spirituel, éloquent, fécond en pensées subtiles" qui m'ont semblé les plus sympathiques.

Traduction de B. Kozakiewicz et J.L de Janasz.

Challenge Nobel
LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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