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Critique de Semelys


Evaluer la poésie est toujours difficile. N'étant pas très instruit en matière de métrique et autres obligations de la poésie classique, et ne connaissant pas non plus les codes qui régissent la poésie libre (y en a-t-il seulement?), je m'abstiendrai de parler de la forme. Parlons du fond, alors. Navigator, c'est probablement ce qu'il resterait de tous les autres ouvrages de l'autrice, une fois dépouillés de tout contexte et de tout nom étranger. Pas un squelette, mais plutôt du sang, et de la « substantifique moelle ». Et voilà pourquoi la critique est difficile, car comment évaluer le sang d'autrui ? Ca ne se fait pas.
Il y a l'amour (toujours), mais embrasé et incandescent et jamais vécu comme une paix, puisque la paix est l'arrêt du changement, la petite-mort non-désirable : il y aura donc des poèmes flamboyants, taillés tantôt comme des complaintes et parfois comme du slam, avec ici et là comme un petit air de transe soufie ; la rencontre de l'Aimé, en ce sens, qui sauve et repêche, mais la félicité qui stagne et qui tue, et par conséquent la rupture nécessaire, et le retour à la solitude – pas de la même couleur pourtant, puisqu'elle enclenche le début d'un nouveau cycle. La même histoire, à la fois très personnelle et universelle, par petits bouts tranchants, et cette langue toujours aussi étonnante quand il s'agit de produire des images saisissantes où la beauté ne suffit plus : c'est le sublime, ou rien.
La seconde partie du recueil, le Navigator proprement dit, a pour sa part des allures de longue incantation, d'appel et d'hommage à ceux qui ont précédé et d'invitation pour ceux qui suivront : les voyageurs, les quêteurs, tous ceux qui passent et qui marquent ou cherchent à marquer depuis que l'Homme raconte (puisqu'il faut bien raconter à un Autre) ; un relai, un geste de transmission, un appel à lire et à se nourrir pour conter à son tour dans un voyage qui, comme la mer, n'a pas de réel début ni – souhaitablement – de réelle fin.
« Le navigateur est un vouloir en marche / Il ne désire pas tous les jours la paix ». En ce sens, Navigator n'est ni une île, ni une perle enchâssée. Juste un morceau de poésie à l'état sauvage. Juste ça, et rien de moins.
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