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Critique de Isacom


New-York, fin des années 40.
Il est à la fois pitoyable et attendrissant, Herman Broder le héros de ce roman. Nègre littéraire d'un rabbin riche et célèbre, il vivote dans l'ombre - et dans un costume râpé. Polonais juif, il a survécu pendant trois ans, dissimulé dans un grenier, avant d'émigrer aux États-Unis à la fin de la guerre.
Yadwiga, la paysanne catholique qui l'a caché… et bien il l'a épousée, malgré leur différence de condition et de culture. Avec elle aussi il vivote, pas amoureux mais reconnaissant, à la fois de son sauvetage et du tranquille bien-être quotidien.
En revanche c'est avec sa maîtresse qu'il se sent vivre pleinement : Masha est un peu perturbée certes, mais sensuelle et passionnée.
Quitter l'une ? Quitter l'autre ? Là-dessus aussi Herman est pitoyable, empêtré, mentant aux deux sans parvenir à prendre une décision.
C'est ainsi que commence ce roman, sur un ton un peu vaudeville, un peu burlesque et plein d'humour : Yadwiga qui tente de devenir une bonne épouse juive en prenant conseil des voisines ; la mère de Masha qui, cliché de la mère juive, remplit Herman de nourriture.
Quand soudain surgit dans leurs vies une figure du passé.
Car le passé est là, indicible.
Masha et sa mère sont des survivantes des camps de la mort.
La première épouse d'Herman, elle, a été tuée par les Nazis, tout comme leurs deux enfants.
Cette communauté juive new-yorkaise, ce sont des personnes qui ont tout perdu dans d'atroces circonstances, qui ne peuvent dormir sans cauchemars, qui vivent dans la terreur de voir ressurgir l'horreur, d'entendre frapper et de voir un Nazi devant leur porte.
Des âmes déracinées, qui errent dans une vie qui n'est plus tout à fait la leur, tout comme Herman erre dans New-York, d'une femme à l'autre, d'une ligne de métro à une autre.
Une écriture romanesque d'une grande puissance d'évocation.

Traduit par Gilles Chahine avec Marie-Pierre Castelnau.
Challenge Nobel
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