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Critique de Shaynning


Incontournable du Mois d'Avril 2021

Cette nouvelle série pour ado québecoise est très certainement pertinente, mais aussi très émouvante. Ce n'est donc pas une lecture joyeuse, puisqu'il est question d'intimidation et, à un autre niveau d'une adolescente coincée entre des parents divorcés en chicane et peu intéressé par leur fille. Par contre, c'est porteur d'espoir.


Stella a 14 ans et puisqu'elle vit désormais dans un nouveau quartier de Montréal avec sa mère, elle va devoir fréquenter une nouvelle école. Les choses se passent plutôt bien, Stella est rapidement prise en charge par la fille la plus populaire de son niveau et elle intègre un groupe composé des plus populaire également. Cependant, Stella ne sens pas elle-même avec ces gens, dont la superficialité et les apparences font office d'absolus. Une nouvelle période de 45 minutes pour les études est ajoutée aux horaires scolaires, au grand déplaisir des populaires, qui décident de bouder cette période. Or, à part eux, les autres élèves en profitent et Stella décide d'en faire autant. À partir de là, Gabrielle, une des filles populaires particulièrement en mal d'attention, décide de lui faire porter l'échec de leur entreprise et à partir de là, les choses dégénèrent. Ayant de plus en plus de mal à naviguer entre les mensonges et les rumeurs qui composent la structure sociale des populaires, Stella quitte le groupe au profil de Jasmine, une fille artiste comme elle partageant plus en commun. Mais le mal est fait et prise en grippe par Gabrielle, c'est un trio de garçons de secondaire 3 à sa botte qui lui feront vivre un véritable enfer. Une première tentative de dénonciation fait accentuer les comportement harcelants des trois ados.Violence psychologique succède à la violence physique et finira même par une agression sexuelle ( on a voulu la déshabiller de force) dans les vestiaires. Humiliée, anxieuse, seule et sans le support de ses parents, Stella songe même à attenter à ses jours. Mais sa plus grande allié en la personne de sa voisine, la voyante madame Bertolozzi, se montre attentive et de bon conseil.


Je ne vous cacherai pas que ce livre à remuer beaucoup de souvenirs de petite école pas très agréables à la lecture ce livre, et du coup, ça ma bouleversé. Mais c,est aussi ça la lecture: parfois on tombe sur des histoires bouleversantes, qui dépeignent des réalités qu'on préférerait dont ne jamais voir, mais qui sont bien réelles. Des cas comme Stella, il y a en encore beaucoup trop au Québec, le système scolaire étant inefficace quand à prévention et par le fait que les jeunes victimes ne dénoncent pas leurs agresseurs par craintes de représailles. En plus, dans le cas de Stella, les parents sont plus occupés à consoler leur orgueil brisé que de s'occuper de leur enfant. Dans le langage TS, on dira que Stella accumule les facteurs de compromission: peu d'alliés, en situation de pauvreté, confronté à trois agresseurs et sans parents présents. C'est donc un cas assez lourd, qui va même tendre vers la dépression et un certain niveau de choc post-traumatique.


Pourtant, c'est tout-à-fait le genre de livre que je souhaite voir entre les mains des jeunes. D'abord, parce que ça les concerne tous: personne n'est pas à risque d'en devenir victime et ensuite parce que la violence de ce genre est accentué ou maintenue par l'inaction des autres jeunes. Comme on le dit si bien : "Être témoin passif d'un acte de violence ne rend pas ledit témoin moins responsable." Ne rien faire est en soi un acte de violence, mais passif. Noah en est un exemple flagrant.


Les choses finissent par se placer tout-de même pour Stella, nous avons donc une relative fin heureuse pour ce premier tome, mais elle ne reste pas sans séquelles non plus et on peut présumer qu'elle restera encore méfiante, anxieuse et réactive encore un peu, mais elle a eu le courage de dénoncer. On place le professeur Lajoie et Madame Bertolozzi dans les rôles des aidants dans cette histoire, invitant u coup les jeunes à se confier aux adultes de confiance, même si ce n'est pas leurs parents. Mais l'histoire met aussi en lumière le manque de sérieux que peuvent avoir les adultes pour les situations d'intimidation, même si, à charge d'excuse, c'est difficile de savoir la portée des gestes commis si la victime ne dénonce pas.


Bref, vous l'aurez comprit, on ratisse large sur le sujet de l'intimidation à l'école et cela invite à la réflexion. J'espère aussi qu'à le lecture de ce livre, nos plus jeunes pourront développer l'empathie nécessaire à la compréhension de ce phénomène et les pousseront à agir davantage s,il devaient y être confrontés.

Ce livre invite aussi à réfléchir sur ce que nous somme près à faire pour être inclut dans les groupes sociaux. Que ce soit de dénaturer sa personnalité, de se faire un double de soi sur les réseaux sociaux ou de cultiver le secret, on peut s'interroger sur notre rapport à soi-même pour plaire aux autres. À l'air d'Instagram et de la culture "Vie parfaite", c'est particulièrement d'actualité.

Enfin, avec le personnage de Zoé, il invite à se questionner sur les relations avec des "Bad Boy", des jeunes hommes plus agés criminalisés qui ont des comportements très près du "batteur de femme". C'est peut-être très "cool" ( le mot me rend malade), mais c'est aussi extrêmement malsain et actuellement, ce genre de mâle sexy s'invite de manière outrancière dans les romans jeunesse, portant une confusion inquiétante entre "amour" et "domination". Et pas qu'en littérature, à la TV aussi.


Pour ce qui est du livre en soi, ça se lit tout seul, c'est fluide et les émotions sont bien rendues.


Pour les français qui se le demande: non, ce n'est pas en patois québecois, mais bien en français international, avec quelques petits mots plus typiques de la province seulement. Vous en devriez donc pas être trop perdus.


Un roman pertinent sur un sujet douloureusement actuel.
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