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Critique de DragonLyre


Ce roman jongle d'un chapitre à l'autre entre deux axes temporels. Sur le premier, Marjolaine Solaro nous présente Solal et sa famille. Jeune collégien dont la poussée de croissance se fait désirer, ayant sauté une classe qui plus est, Solal est discret, un brin effacé, même avec ses quelques rares amis, dont le fidèle Arthur. Depuis des mois et des mois, Solal en pince pour Sterenn, une fille du groupe des « popu » qui a beaucoup fait parler d'elle l'année précédente avec ses choix de tenue et un certain incident dont tous les autres élèves semblent être au courant, sans qu'aucun adulte ne le soit. Les lecteurs sont eux aussi laissé un temps dans le brouillard pour créer un élément de tension dans le récit et permettre à chacun d'élaborer ses propres théories. Un drame qui en entraînera un autre, puisque Sterenn met tristement fin à sa vie en ce début d'année de 3e. Sur le second axe temporel, l'autrice revient quelques mois en arrière pour nous narrer comment Solal et Sterenn se sont rapprochés en dépit de leurs univers diamétralement opposés, et ce au nez et à la barbe de tous. Une amitié secrète qui a pris une place énorme dans le coeur de Solal et le laisse anéanti après la brusque disparition de Sterenn.

Avec ce roman, l'autrice nous emmène entre escapades en bord de mer et retour sur les bancs d'école. S'il est avant tout rédigé à l'intention d'un public jeunesse / adolescent, il trouvera également sa pertinence chez un lectorat adulte à travers les interrogations de la maman de Solal. Comment vit-on une telle horreur quand on est soi-même parent ? Marjolaine Solaro nous parle des mécanismes qui peuvent pousser un enfant à en arriver à de telles extrémités. Elle nous alerte à quel point les signes avant-coureurs peuvent être maquillés par les personnes les plus en détresse et comment un incident qui paraissait réglé peut ne pas l'être tant que ça, au fond. L'autrice souligne l'importance d'une bonne communication : avant le drame, pour intervenir sur des problèmes complexes que des enfants ne peuvent pas régler d'eux-mêmes, même lorsqu'ils sont convaincus du contraire. Après le drame, pour taire le sentiment de culpabilité, rarement ressenti par les bonnes personnes, ainsi que pour entamer le processus de deuil et ne pas s'isoler dans la tristesse au risque de devenir à son tour une victime collatérale de l'acte malveillant qui a tout déclenché.

En dépit de dialogues au registre parfois trop soutenu (les adolescents n'utilisent jamais le mot « cela » à l'oral ; j'ai aussi vu du subjonctif plus-que-parfait dans la bouche d'un adulte, or de nos jours, plus personne ne parle comme ça), l'oeuvre sonne juste. On n'évite pas certains stéréotypes comme la prof principale guindée et sévère à souhait, aux lunettes aussi épaisses que ses collants démodés, mais on passe facilement par-dessus tant le duo improbable formé par Solal et Sterenn était attachant. Une oeuvre d'autant plus pertinente qu'elle traite des réseaux sociaux et de leur toxicité qui peut vite atteindre des sommets intolérables pour n'importe quel individu. On ne ressort pas indemne de cette histoire qui nous laisse un terrible goût de gâchis en bouche, d'autant plus persistant que ce genre de drames ne se produit encore que trop souvent de nos jours…
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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