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Critique de frandj


frandj
17 septembre 2015
C’est une tragédie antique. Elle obéit aux lois du genre et n’a pas grand-chose à voir avec les tragédies modernes. La langue est belle, mais il faut s’y accoutumer avant de l’apprécier. On y trouve de longues tirades - de mon point de vue assez fastidieuses - qui alternent avec des séquences d’interventions courtes et plus vivantes.
Cette œuvre posthume se place à la suite (chronologique) de la tragédie "Œdipe roi". Le triste héros, escorté par sa fille Antigone, arrive à Colone (situé à deux pas d’Athènes); il est arrivé au bout de sa vie. Il se trouve qu’un oracle a prédit que la ville où il serait enterré bénéficierait de la protection des dieux. Œdipe choisit de se placer sous la protection de Thésée, roi d’Athènes. Au contraire, Créon voudrait l’emmener chez lui, à Thèbes: pour le contraindre, il prend en otage Antigone et sa sœur Ismène; mais celles-ci sont ramenées à leur père par Thésée. Polynice, fils d’Œdipe, qui dispute le trône de Thèbes à son frère Etéocle, vient aussi quémander la bénédiction paternelle. Œdipe reste intraitable, il rejette Polynice - qui se lancera dans une guerre fratricide - et demande à Thésée de l’escorter tout seul vers la mort (mystérieuse) qui l’attend.
Ce qui frappe dans cette histoire, c’est l’importance des préoccupations religieuses des protagonistes. Ensuite et surtout, c’est l’image que Sophocle donne d’Œdipe dans la présente tragédie: celle d’un vieillard à la fois fragile et volontaire, qui refuse d’assumer la responsabilité des crimes qu’il a autrefois commis sans le vouloir. Les dieux l’ont trompé et abusivement puni, le peuple thébain et ses chefs ont été trop contents de l’exiler, il s’est lui-même aveuglé sous le coup d’un "raptus". il a payé trop cher pour ce qui ne résultait pas de sa volonté. Ce personnage qui fait son plaidoyer pro domo nous est proche: il est touchant, raisonnable, accessible. Mais il me semble infiniment moins fascinant que le héros de "Œdipe roi", âme fiévreuse, lancée dans une enquête contre lui-même et brisé par une fatalité voulue par des dieux "méchants" mais intouchables. Dans "Œdipe à Colone" on ne trouve pas cette cruelle grandeur, et on est surtout témoin d'une religiosité qui ne nous touche guère.
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