AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bruidelo


Des années 70 à la toute fin du XXème siècle, des actions musclées, dangereuses, contre la guerre du Vietnam à la librairie alternative qui sert de refuge à diverses formes de contre-culture, de résistance au modèle dominant, Eat the document brasse large en nous livrant une réflexion intéressante sur l'engagement. Faut-il laisser l'action aux brutes de ce monde qui elles ne perdent pas de temps à compatir, à prendre en compte les dégâts humains ou écologiques quand il y a moyen de s'enrichir, faut-il rendre les coups, cela ne comporte-t-il pas le risque de vous pourrir l'âme, de vous rendre aussi mauvais que le camp d'en face? C'est ce que semble penser Nash, et peu importe si le militantisme des groupuscules qui fréquentent sa librairie est un peu stérile, maintenant ça lui suffit, il aime cette énergie du subversif qui crée une ouverture, comme une sorte d'oxygène libérée par ceux qui remettent en cause le monolithe écrasant du règne marchand.
Dana Spiotta nous livre aussi de belles pages sur la relation intense, obsessionnelle que certains de ses personnages entretiennent avec la musique. Jason surtout, qui s'écoute les mêmes morceaux en boucle, en profondeur, de façon hypnotique, comme une méditation, une prière - ou, si vous préférez, comme une sorte de délire orgiaque.
L'histoire est prenante malgré son côté éclaté. Mary est en cavale - plus possible pour elle de chercher à rendre le monde meilleur, de rêver d'utopie, la voilà réduite à tout organiser pour uniquement se sauver elle-même. Elle doit se forger une nouvelle identité, renoncer à celle qu'elle était, à ceux qu'elle aimait, condamnée à mettre en danger ceux à qui elle s'attache, à mentir toujours sur qui elle est vraiment. Condamnée du coup à une solitude profonde, Mary devient «le genre de personne qui semble en permanence n'être qu'à moitié là».
Un roman qui donne aux idées, à la réflexion, une place importante sans que cela ne nuise en rien au plaisir romanesque. J'ai bien accroché, j'ai aimé cette plongée dans les milieux de la gauche américaine, ça se lit bien, et j'ai trouvé le sujet intéressant.
Commenter  J’apprécie          352



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}