AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Enroute


Je n'ai lu que l'"Essai sur les fictions". Germaine de Staël y fait l'originale. Il ne lui plaît pas que la raison et l'imagination restent scindées l'une de l'autre ni que ces messieurs en place fassent leur loi en matière de littérature. La classification qu'elle propose se fait selon l'émotion qu'elle ressent, l'esthétique plutôt que la technique.

Et les pires fictions sont les fictions merveilleuses qui veulent tellement inventer qu'elles en deviennent complètement artificielles. Elles dénaturent la pensée et paraissent satisfaire les yeux des enfants plutôt que les coeurs des adultes. Et dans cette classe de fictions, l'allégorie touche le fond. Les auteurs veulent enrober une idée philosophique dans une histoire artificielle qui achoppe dans les deux buts qu'elle se fixe : la dramatisation est inexistante pour satisfaire la raison philosophique et la raison philosophique est dégradée du fait de la composition fictionnelle. Une exception : Jean de la Fontaine qui fait parler ses animaux non pas comme des imitations humaines mais comme des humais .

Ensuite se trouvent les fictions historiques, celles qui s'inspirent de faits réels. Staël ne s'étend pas, il lui suffit de dire qu'elles sont faites pour parler au peuple et non à l'individu. Il leur manque ce qui honore la fiction, à savoir la concentration des émotions.

La classe supérieure regroupe les fictions naturelles, où tout est à la fois inventé et imité, où rien n'est vrai, mais où tout est vraisemblable. Bien sûr on y trouve de mauvaises fictions, larmoyantes et sans morale, des fictions qui multiplient les détails pour "faire vrai" et qui ennuient, mais on y trouve aussi des oeuvres qui habillent la vertu et pervertissent le vice, qui mettent le lecteur et la lectrice en situation de comprendre des moments de l'existence qui passent trop vite, que l'on ne retient pas et que seule une composition raisonnée parvient à faire renaître. La fiction naturelle doit donc être portée par la philosophie (qui semble être une sorte de synonyme de "morale") car elle doit enseigner et améliorer les lecteurs qui comprennent lorsqu'ils sont touchés.

J'aime beaucoup son style d'écriture façon "ce que j'écris sera gravé dans les étoiles pour la postérité". Ce serait insupportable si c'était trop minéral, mais la passion perce dans chaque phrase et elle parvient finalement à faire ce quelle théorise, à savoir mêler le coeur et la raison, le premier emportant le second.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}