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Critique de Presence


Ce tome fait suite à The Book of Genesis qu'il faut avoir lu avant. Il contient les 6 épisodes de la minisérie publiée en 1994/1995.

Alex Stoner est maintenant colonel, et il continue à débusquer les sites où des démons ont massacré des civils. Il a acquis la conviction que son fils adoptif est lié à ces manifestations. de son coté Ray Stoner s'est lancé dans une quête spirituelle. Il a étudié auprès de plusieurs maîtres et il s'apprête à quitter une lamaserie tibétaine pour rechercher un autre mentor qui saura lui apprendre la paix intérieure. Sur le chemin il croise 3 démons ayant retrouvé sa trace. le massacre qui suit prouve que la rage destructrice continue de couver non loin de la surface de la psyché de Ray Stoner. Incapable de trouver un autre guide spirituel, il se lance dans une vie de mercenaire en Amérique du Sud où il vend ses services à la faction la plus opprimée. Il utilise toujours l'eau du puits pour espionner la mystérieuse femme, ainsi que le monde des démons. Un jour, une embuscade mieux préparée que les autres le laisse aux portes de la mort.

À nouveau, Jim Starlin écrit, dessine et encre cette histoire. À nouveau, Ray Stoner est privé de direction dans sa vie. Il est mi-humain et mi-démon, seul de son espèce ou presque. Il suit la voie indiquée par Rachel (dans le tome précédent) en perfectionnant sa maîtrise des arts martiaux et en développant sa spiritualité. Et il est toujours dans une phase autodestructrice et improductive, sans savoir quelle direction donner à sa vie, quel sens donner à son existence. Il a rejeté le sort réservé par le destin et imposé par Rachel (celui de défenseur de l'humanité selon une vague prophétie), il a rejeté la tutelle de son père adoptif, mais il ne vit plus que dans l'instant présent, avec une impression de futilité de ses actions.

Les scénarios de Jim Starlin peuvent avoir quelque chose de parfois irritant, en ce sens qu'il laisse dépasser quelques armatures de la structure pour des moments assez gauches. Derrière les péripéties, le lecteur devine parfois la main du scénariste en train de composer son récit et établissant le plan de l'histoire avec les points de passages obligés. Par exemple lorsque Ray Stoner se retrouve dans un plan astral, il est évident que c'est le moment où Starlin va remettre une couche de révélations et déclencher la prise de conscience e son héros. Lors du combat final dans le sanctuaire Ailleurs, la destruction du puits attire l'oeil parce qu'elle arrive comme un cheveu sur la soupe, uniquement pour supprimer cet artifice qui servait à alimenter Stoner et le lecteur en informations.

Mais quand il est adroit, Starlin a l'art et la manière de donner du sens aux combats et aux atermoiements de ses personnages. Et là il s'améliore par rapport au premier tome. Ray Stoner est un jeune adulte aux grandes capacités qui se rend compte que la satisfaction de ses besoins immédiats ne suffit pas à le rendre heureux, à combler son appétit. Il apprend petit à petit à ouvrir les yeux sur ce qu'il est, à se connaître lui-même, avant de pouvoir s'accepter. de fait chaque révélation lui décille un peu plus les yeux sur ce qu'il est, et chaque combat lui permet de constater sa valeur et ses limites. du coup les longues séquences d'échange d'horions ne sont plus de simples démonstrations de violence chorégraphiées, mais une découverte de la personnalité de Ray Stoner. Il y a également un passage plus subtil dans lequel Stoner interroge brutalement un ennemi et commence à prendre conscience que l'ennemi n'est pas un groupe de gens sans indentité, mais des individus convaincus d'avoir raison, d'être dans leur bon droit.

Pour ce tome, Starlin a gardé le style graphique du précédent : des cadrages simples permettant une compréhension immédiate de ce qui se passe, des mises en page augmentant l'impression de mouvement et quelques pleines pages sans bordures où 3 ou 4 moments de l'action s'enchaînent. Il a également conservé son encrage un peu appuyé à la Joe Kubert. Parmi les séquences les plus réussis, il y a les scènes de combats mises en scène avec logique, le temple maya qui est crédible, Elsewhere toujours aussi détaillé, Ray Stoner sur sa moto et quelques monstres réussis. Malheureusement Starlin accumule quelques pages sans décors et il utilise un logiciel de dessins pour quelques autres décors. Cette histoire datant de 1995, le logiciel n'est pas très performant et les effets ainsi obtenus prêtent à sourire, voire font grincer les dents du fait de leur naïveté et de leur maladresse.

Au travers de cette histoire, Starlin continue d'installer son personnage en lui faisant découvrir sa place dans l'ordre des choses. Il fait grandir son personnage sur le plan spirituel au travers de combats et de rencontres et il met en scène cette nécessité de se connaître soi même pour pouvoir progresser. Il y a quelques maladresses narratives habituelles chez Starlin du fait de la construction du récit, et quelques maladresses graphiques dues à l'utilisation d'une infographie balbutiante. La dernière partie de la trilogie a été éditée en 2011 par Image Comics, sous le titre The Book of Revelations.
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