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Critique de mylena


Un petit bijou de concision dans lequel John Steinbeck se montre d'une justesse à peine croyable dans les dialogues. L'histoire est sombre et profondément pessimiste : les rêves ne se réalisent jamais, il n'y a que ceux qui ont une âme d'enfant qui ne le savent pas. Dès le début du récit le lecteur pressent le drame, même si au début c'est de façon confuse, uniquement parce qu'il sent les craintes de George. Et cette tension devient de plus en palpable, concrète, et elle monte en puissance chapitre après chapitre, cran par cran, jusqu'au dénouement. Nous ne découvrons les personnages pratiquement que par les dialogues dans lesquels il n'y a pas un mot de trop. Tout est judicieusement dosé, jusque dans les très belles descriptions de paysages qui font contrepoids à la noirceur ambiante. La situation d'exclusion des noirs, qui n'est pas le sujet du roman, est dépeinte d'une manière remarquable dans la scène où Lennie rentre dans la chambre de Crooks, le palefrenier noir. A côté d'un roman noir et pessimiste, c'est aussi, paradoxalement un roman lumineux sur l'amitié incongrue du tandem George-Lennie. Comme dans Les raisins de la colère nous sommes dans l'univers des ouvriers agricoles broyés par le fonctionnement du système économique qui a abouti à la Grande Dépression (il est intéressant de relever que le patron de la ferme est quasiment absent du récit, contrairement à son fils). C'est un magnifique plaidoyer tout en finesse contre le rejet de l'autre, qu'il soit handicapé physique ou mental, noir, pauvre. Il y a aussi quelque chose de la tragédie classique dans ce drame du XXème siècle. Tout cela concentré en si peu de pages, cela relève presque du miracle. C'est un chef d'oeuvre et je me demande bien pourquoi j'ai attendu si longtemps pour le lire !
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